Voici que le 16^ème Sommet de la Francophonie, qui a duré toute une semaine dans la capitale malgache, s’est achevé. Nous n’en parlons que maintenant car il y avait besoin de prendre du recul pour bien analyser la situation, après une semaine chargée. En effet, des questions politiques aux manifestations culturelles, tous les sujets ont été évoqués durant ce sommet. Pour les organisateurs et pour le régime, le Sommet a tout juste été un succès et le Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie avait souligné cela à la clôture du Sommet. Mais les avis divergent et la population n’est pas totalement du même avis sur la réussite du Sommet mais surtout en ce qui concerne les retombées pour le pays. Un pays pauvre mais qui, sans doute, a investi énormément pour ne pas dire son âme même dans la réalisation et la tenue de ce sommet. L’heure est donc au bilan et légitimement, on se pose cette simple question : après une semaine d’effervescence et de mobilisation, que reste-il du Sommet de la Francophonie pour Madagascar ?

Pour comprendre ce qu’est, ou plutôt ce que devrait être un sommet d’une organisation telle que la Francophonie, il fallait passer par le Village Voara, le Village de la Francophonie. En effet, l’importance de ces rendez-vous consiste en premier lieu en les échanges que les pays peuvent faire entre eux, avant toute décision politique. L’interaction humaine et les échanges entre les peuples importent, ou devraient importer. En effet, plus que les décisions prises dans des fauteuils bien confortables ou dans des bureaux bien équipés. Pour cela, le Village de la Francophonie a tenu ses promesses. Car avec les stands si bien entretenus et bien garnis des participants, le Village a fait une entrée record de plus de 50 000 visiteurs en une semaine seulement d’ouverture. Il est alors difficile ne pas faire le calcul avec cela. Si pour une entrée, il fallait payer 2000 Ariary, la somme totale pour les 50 000 entrées s’élève donc à 100 millions d’Ariary. En une semaine, le village de la Francophonie a engrangé 100 millions d’Ariary et ce, hormis les frais de location des stands. Où ira cette colossale somme ? Un retour sur investissement pour ceux qui ont flairé le filon ?

Dans un tout autre sujet, le Sommet de la Francophonie avait doté la capitale d’innombrables infrastructures. Des infrastructures mises en place en quelques semaines seulement et qui suffiront peut être à pallier ces deux années de mandat sans réalisations concrètes du régime en place. Peut-être disions-nous, car l’avenir de ces infrastructures reste jusqu’à l’heure actuelle un mystère. Pour en revenir au Village de la Francophonie, il a été dit qu’après le sommet, la place deviendrait « un lieu d’habitation » pour la population tananarivienne. Ce qui est tout simplement grotesque car le village est composé de galerie et non de cité ou de local d’habitation. D’où il est impossible que le lieu devienne un lieu d’habitation et encore moins profite à la population. Des routes ont également été construites afin de faciliter la circulation des convives lors du sommet. Faut-il préciser que ces routes avaient été faites uniquement dans ce but ? Car désormais elles seront fermées au public et ce pour une longue période encore, 4 à 6 mois pour les plus optimistes.

Donc, face au fait que le Sommet de la Francophonie fut une réussite pour les organisateurs et pour les convives, que reste-t-il maintenant pour les malgaches ? Des routes interdites de circulation pour un temps indéterminé et un village promis mais qui ne sera jamais acquis ? Ou encore des millions d’Ariary dépensés mais aussi collectés et que ne verront jamais les populations de la Grande île, celle du Sud qui meurent de faim et de soif ou tout simplement celles de la capitale qu’on a délibérément cacher aux yeux des invités de la Francophonie. En fait, ce qu’il reste, c’est un Madagascar toujours aussi pauvre, loin des fastes des banquets offerts à l’occasion du Sommet. Des malgaches toujours exclus dans les prises de décisions politiques et une capitale inondée dès le départ du dernier avion de la dernière délégation étrangère venu au pays à l’occasion de ce rendez-vous. Il ne reste que la réalité.

Ny Aina Rahaga