Insolente innocence de l’ingérence
Organisations internationales et puissances étrangères ont engagé une course à peine Hery Rajaonarimampianina a pris le pouvoir que Andry Rajaoelina lui a transmis. C’est à qui en faisant montre d’empressement, sous prétexte de félicitations au nouvel élu déclarerait le plus vite et le plus fort un rejet du régime précédent. La manière diplomatique se soucie d’enrober les mots sans pour autant se priver d’exprimer le fond de la pensée. Dans le même ordre le convenu diplomatique sert à proclamer tout haut un profond respect à propos de grands principes ou de l’un de ceux-ci alors qu’il s’agit d’un simple effet d’annonce, style que l’on va se donner l’air de ne pas y toucher (vraie sainte-nitouche). Le maître-mot des partenaires à l’occasion de l’avènement d’un retour à un ordre constitutionnel est la « non-ingérence », et pourtant ! Félicitations, reconnaissance et autres bonnes nouvelles comme l’annonce d’une levée des sanctions, même suivies des intentions de ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures du pays, ne se privent d’accompagner leurs vœux, de souhaits quant à la manière de gouverner le pays. Pire en réservant au seul Président le soin de former un gouvernement dans tel ou tel sens, ne trempent-ils pas une grosse cuillère quant à la manière d’interpréter la constitution, alors que le mode de désignation du Premier ministre fait l’objet actuellement de rudes manœuvres. Le Président de la République a certes annoncé une ouverture, et de droit il lui appartient d’en inspirer la manière d’entreprendre cette ouverture, mais les schémas d’application reviennent dans la pratique au Premier ministre par la composition du gouvernement qu’il présentera au Chef de l’Etat pour nomination. L’idéal consisterait évidemment à ce que Président et Premier ministre se retrouvent sur le même diapason quant à l’état d’esprit pour entreprendre la formation du gouvernement. Ce ne serait qu’un vœu pieux en attendant la proclamation de la liste des députés et que s’en dégage une majorité claire ayant à charge de désigner le Premier ministre. Rien ne permet de favoriser l’éventualité d’un schéma par rapport à un autre dans l’état actuel. C’est selon les interprétations, si presque à l’unanimité on s’accorde à lui donner un rôle majeur différent de celui de présider aux cérémonies de chrysanthèmes, il en est ceux qui à partir d’une lecture de la constitution refusent de reconnaitre qu’il détient le monopole du maître-mot. Les insistances des instances étrangères viennent perturber le débat, même si celui-ci s’apparente à un combat.
Léon Razafitrimo