Bonnes intentions, bons sentiments et piètres résultats
Au moment où le gouvernement ne fait qu’assurer l’intérim entre un régime transitoire et un retour à un ordre constitutionnel, enfin apparait une reconnaissance de toute la vanité des opérations de reboisement que l’on a entreprises à renfort de tambours et trompettes chaque année sans relâche depuis plus de cinquante ans. Encore que lorsque le ministère de l’Environnement déplore qu’à peine 10% des plants mis en terre repoussent, on tend à entendre que moins de 5% deviennent de vrais arbres. Cet aveu vaut valeur de rachat, encore que pour une réelle rédemption il faudrait redoubler d’effort et quadrupler les précautions. Le challenge consisterait à innover les raisons de faire du spectacle, non au moment du reboisement, bien que celui-ci mérite toujours des campagnes de sensibilisation et de mobilisation, mais, quitte à innover un nouveau genre d’inauguration, seulement lorsque l’on aura réussi à constater de ces opérations la transformation en de belles forêts. Une fois encore la réalité rappelle l’évidence, les bonnes intentions qui s’en donnent les apparences, comme les bons sentiments et les belles paroles ne suffisent pas pour générer des résultats dont on peut s’enorgueillir. Il ne s’agit pas de mener des actions secrètes ni même de s’entourer de grande discrétion pour les entreprendre, mais il est vain de vouloir vendre la peau de l’ours avant d’avoir tué la bête. Les dirigeants au pouvoir ont la fâcheuse inclination à vouloir impressionner la population et à créer des événements autour des cérémonies de simple pose d’une première pierre. A croire qu’ils appréhendent tout le temps, l’éventualité de se faire jeter de la fonction qu’ils occupent avant que ne sorte de terre l’arbre qu’ils plantent ou la réalisation dont ils inaugurent le début du chantier. Du temps perdu et de l’argent public gaspillé à l’occasion de ces inutiles cérémonies. Si mesquins que puissent paraitre aux yeux de certains ces petits détails, ils dénotent quand-bien-même un état d’esprit, et c’est à cet endroit que se trouvent l’âme et le moteur qui font des actions une réussite ou un échec. C’est nécessairement en adoptant un autre état d’esprit qu’à vouloir épater la galerie par une bonne intention et non grâce à des résultats palpables que l’on traduit dans la pratique une volonté d’opérer un changement. A l’ère où la médiatisation constitue un moyen pour parvenir à des résultats, évidemment si l’on a en objectif d’obtenir des suffrages immédiats quitte à recourir au bluff par la production de spectacle, rien de tel qu’un tapage médiatique. Le retour de bâton des médias peut aussi arriver rapidement. Les médias en majorité ne cultivent une grande fidélité qu’à l’égard des scoops, et ces médias sont capables de brûler sur la place publique l’idole qu’ils encensaient la veille.
Léon Razafitrimo