Faudrait céder la place
Les grands électeurs sont appelés à confirmer leur vote après la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine de cette année. Pourtant, le 45ème président des Etats-Unis d’Amérique ne fait toujours pas l’unanimité et nombreux sont ceux qui veulent encore l’empêcher d’accéder à la Maison-Blanche. Selon le système électoral américain, le 8 novembre, ou lors du vote anticipé qui avait débuté à la fin de septembre dans trente-sept Etats sur cinquante, les électeurs avaient été amenés à voter pour le futur président américain, mais de façon indirecte. Ce sont en fait les 538 grands électeurs, élus Etat par Etat, qui conduiront, le 19 décembre, à l’élection du 45ème président des Etats-Unis. Le collège électoral est composé de 538 grands électeurs et pour être élu président, un candidat doit obtenir les voix d’au moins 270 d’entre eux. Or, Trump avait acquis un peu plus de 300 des voix des 538 grands électeurs. Ce qui n’a donc pas découragé les citoyens américains qui réclament toujours à ce que les grands électeurs ne confirment pas leur vote. Une bataille loin d’être gagnée car à ce qu’on sait, dans le parti républicain, c’est « fait ce qu’on te dit ou t’es foutu », selon les mots de Susan Gage, une journaliste américaine.
Il y aurait donc peu d’espoir que le collège électoral aille dans le sens voulu par les citoyens même si en réalité, 2,5 millions d’américains de plus ont voté pour Hillary Clinton le 8 novembre dernier. D’ailleurs, Donald Trump lui-même avait qualifié ce système de grands électeurs de défavorable et désastreux pour la démocratie en 2012, et pourtant, il vient d’en bénéficier. Et dans 28 autres Etats, la loi oblige les grands électeurs à voter pour le candidat désigné par le vote populaire local, sous peine de devoir payer une petite amende. Dans chaque Etat, ces grands électeurs sont attribués aux candidats en fonction du vote populaire, soit proportionnellement, soit intégralement pour le candidat ayant remporté la majorité des voix via le principe du winner takes all. Or, près de 54% des américains jugent aujourd’hui, selon un sondage pour Cbs, que leur président devrait être élu sur la base du seul vote populaire contre 41% souhaitant conserver le système actuel. Un autre sondage qui confirme le fait que les Américains ne veulent pas de Donald Trump comme président. Les chances que ces initiatives aboutissent sont pourtant infimes. Un seul grand électeur républicain, à savoir Christopher Suprun du Texas, a publiquement annoncé qu’il ne voterait pas pour Trump. Or, il faudrait 37 défections, au moins, pour empêcher l’excentrique milliardaire d’obtenir les 270 voix nécessaires. Des précédents existent pour ceux qui y croient réellement mais sont peu nombreux. Dans 23 Etats, les grands électeurs sont obligés de voter pour le candidat naturel, dans les autres par contre, ils ont le choix. Qu’un grand électeur se détourne de son candidat naturel, c’est déjà arrivé précisément 157 fois en 240 ans, précise l’ONG Fairvote. Mais dans 45% des cas, c’est parce que le candidat désigné à l’origine est mort entre temps.
Quoi qu’il en soit, que les grands électeurs se détournent ou non de Donald Trump, ce ne sera pas Hillary Clinton qui sera présidente des Etats-Unis d’Amérique mais un autre du même camp que Donald Trump, un républicain. Vous trouverez alors la liaison quelque peu incongrue mais pourtant, c’est tout à fait le même cas dans de nombreux pays y compris le nôtre. Sauf que pour les Usa, c’est une question déjà institutionnalisée depuis la Constitution. En revoyant l’histoire, ce fut toujours les candidats du régime en place qui gagnaient les élections. Ainsi, si Trump a gagné les élections et que même s’il n’accédait pas à la Maison-Blanche, les républicains seraient quand même à la tête des Etats-Unis d’Amérique. Qu’en sera-t-il alors pour 2018 ? La question se pose bien en vue le ras-le-bol de la population et considérant à quel point les tenants du pouvoir tiennent à leurs postes en ce moment. De plus, les Malgaches ne sont pas des américains à se révolter pacifiquement. Pour le bien du pays, il faudrait céder la place.
Ny Aina Rahaga