Réalités sociales – Le calvaire quotidien des usagers du taxi-be
Une ville. Antananarivo. Un bus. Une centaine de chiffres. 015, 126, 129, 133, 138, 147, 194, et bien d’autres encore ! Une place. Un siège. Un voisin. Un strapontin. Un receveur. Parfois hautain, parfois chaleureux, souvent idiot. Une radio. Un son assourdissant. Un frais de transport. Une monnaie. Un arrêt. Une foule. Une file d’attente. Une mêlée. Une habitude, devenue souffrance. Un besoin, une obligation, une pauvreté. Un trajet, une destination. Un embouteillage. Une heure. Deux heures, et même trois. Une odeur bizarre. Une chaleur. Un voisin bruyant, un voisin malpropre, un voisin accaparant toute la place, un voisin pas très sociable ! Une fin de journée. Un domicile, une humeur de chien. Et le lendemain… eh bien, le cycle, le calvaire du taxi- be revient.
Un sport pas comme les autres
Un Malgache sur deux est dans l’obligation de prendre le taxi-be dans la ville d’Antananarivo. Qu’il s’agisse d’étudiants ou d’employés de tout genre. Dès 6 h du matin, ou même un peu plus tôt, quelques individus se pressent déjà dans les arrêts pour ne pas être en retard. Toutefois, un tout autre tableau se présente en fin d’après-midi à partir de 18 h lorsque tout le monde finit sa journée et se pressent pour rentrer chez eux. Certains prennent la peine de constituer un file d’attente tandis que d’autres agissent comme des sauvages ambulants à courir après le bus dès qu’ils en trouvent un à l’horizon. Plusieurs personnes sont déjà tombées dans ces moments-là. Sans compter ceux qui se blessent ou qui perdent leurs savates, ou qui perdent des objets de valeur au moment de monter dans les bus. Eh oui, les voleurs à la tire en profitent amplement. En effet, courir après un taxi-be est un sport que seule la population malgache, et particulièrement les habitants de la ville d’Antananarivo, connaissent. Ce n’est pas une nouveauté de voir une foule d’individus se bousculer pour entrer dans le bus dans quelques arrêts en fin d’après-midi. Et même de très bon matin pour le cas des lignes 015 et 119 du côté d’Ampefiloha.
Les receveurs
Eh oui ! Tout un chapitre devrait être consacré aux receveurs de taxi-be et leur mauvaise manière de traiter les passagers. A notre humble avis, plusieurs de ces derniers avaient déjà, plus d’une fois, tué ces individus dans leur tête. Qui plus est de manière très barbare selon le comportement de ceux-ci. Qui ne l’a pas fait après deux ou trois passages dans un taxi-be ? Toutefois, que l’on ne se méprenne pas. Les receveurs ne sont pas tous les mêmes. Certains témoignent une certaine forme de respect vis-à-vis des usagers. Tandis que les autres n’ont probablement jamais vu la couleur d’un « merci » ou même d’un « s’il vous plaît » de toute leur vie. Or, ce sont particulièrement les receveurs qui côtoient quotidiennement les usagers des véhicules de transport en commun. Le conducteur de taxi-be ne parle pas souvent, trop occupé à se focaliser dans sa conduite. D’ailleurs, un écriteau est mis en évidence dans la majorité des bus, interdisant aux clients d’adresser la parole au chauffeur. Mais des exceptions sont toujours mises en évidence en ce qui concerne les conducteurs un peu trop bavard. Bref ! Revenons à moutons. Souvent, l’objet de la dispute entre les receveurs et les passagers se base sur la monnaie à rendre. Untel a donné 5 000 Ariary comme frais de transport, un autre 10 000 Ariary, sans compter les 1 000 Ariary et 2 000 Ariary qui se succèdent. Tout cela pour un frais qui s’élève à 400 Ariary. Généralement, ce responsable qui récolte l’argent du taxi-be s’énerve facilement dans ces cas et est même capable d’exiger que le passager en question descende du bus, du fait qu’il n’a pas de monnaie suffisante à rendre en sa possession. La politesse est une vertu que certains individus ne possèdent pas, qu’ils n’ont même pas acquis dans leur éducation. Or, chacun le sait pertinemment, le métier de receveur est un métier passe-partout qui n’a droit à aucune forme de formation digne de ce nom avant le service.
Les petits détails énervants
En faisant un point sur les aspects désagréables constatés dans les véhicules de transport en commun de la ville d’Antananarivo, auprès des principaux concernés, l’on peut en tirer une longue liste. Il y a par-dessus tout, la senteur que doivent subir certains usagers du taxi-be, c’est-à-dire les nuisances provoquées par l’odeur venant des autres. A préciser qu’il est relativement intolérable de se trouver en groupe avec la chaleur accablante qui persiste actuellement. Avec une dizaine d’individus dans le même véhicule et l’odeur de transpiration sentie, l’on peut aisément imaginer l’effet que cela pourrait produire. Sans compter la mauvaise fragrance des aisselles de quelques-uns, l’arôme parfois insupportable des marchandises des autres ainsi que l’odeur désagréable du parfum utilisé par certains. Parfois, pas moyen d’y échapper. Ensuite, bien évidemment, il y a le problème des voisins de siège, car étant dans un véhicule de transport en commun, il est tout à fait normal que des « populations diverses » se côtoient. Or, il est rare de se retrouver avec une personne « normale » dans un taxi-be. Soit le siège est occupé par un malpropre, soit une personne ne tient pas en place, soit l’on a affaire à un bavard. En effet, quelques individus passent leur temps à effectuer des appels téléphoniques dans les taxi-be. Et parler un peu moins fort bien entendu, c’est la moindre des politesses.
Les cas extrêmes
Qui ose affirmer ne pas être énervé comme un clou en sortant du bus ? Ne serait-ce qu’une seule fois dans sa vie. Lorsqu’une personne a « écrasé » par mégarde vos chaussures bien nettoyées la veille. Ou tout simplement lorsque toutes les places sont occupées et bien sûr votre voisin bouge à peine pour vous laissez passer au moment de votre descente. Lorsque vous avez pris soin d’être bien propre et présentable le matin avant d’aller au boulot, et que la personne qui se trouve à côté de vous mange un « ramanonaka » bien huilé et en met partout, même sur vous. C’est l’horreur ! C’est dans ces moments que l’on a envie de s’arracher entièrement la tête. Mais le comble dans un taxi-be ce ne sont pas ces faits insignifiants qui peuvent être très bien surmontés. La pire chose qui peut arriver c’est de se trouver à côté d’un pervers sorti tout droit du zoo. Ou de l’asile si l’on peut se permettre ! Un idiot qui drague ouvertement, sans aucune honte, la jeune fille d’à côté peut encore passer. Un pervers qui s’adonne à des attouchements sexuels en public, dans le bus, peut être encore évité en descendant immédiatement. Cela peut également passer. Mais alors un gringalet qui se masturbe sur le siège d’à côté, c’est une honte, un scandale, une manière obscène de se conduire en société. En effet, plusieurs jeunes filles ont déjà été victimes de ce genre de comportement dans ces véhicules de transport en commun. Soit ils touchent délibérément la jeune fille, soit ils effectuent leur besogne personnelle en baissant uniquement leur pantalon pour ne pas se faire remarquer, à part bien entendu celui ou celle qui se trouve sur le même siège. Messieurs, réfléchissez un peu à vos actes pour l’amour de Dieu !
Athanase Muriel