Malnutrition chronique – 1,5 milliard de dollars de perte par an
La remise officielle des résultats de l’étude du coût de la faim à Madagascar a été effectuée hier 21 décembre au palais de Mahazoarivo. La représentante de la Commission de l’Union Africaine (Ua) à Madagascar, Hawa Ahmed Youssouf, s’est chargé de la remise officielle de ce rapport d’étude au Premier ministre et chef du gouvernement, Olivier Mahafaly Solonandrasana. Madagascar était le dixième pays où l’analyse du coût de la faim avait été menée en Afrique. Cette étude vise à démontrer que la faim et la malnutrition ont des conséquences tangiblement négatives sur la productivité et que lutter contre ces fléaux contribue à accélérer le développement économique et social d’un pays. Selon l’Unicef, « dans le continent africain, les coûts annuels liés à la sous-nutrition infantile peuvent atteindre entre 1,9 et 16,5% du produit intérieur brut ». Cette étude a démontré que dans le cas de Madagascar, l’économie du pays perd environ 3 384 milliards d’Ariary soit environ 1,5 milliard de dollars américains par an. L’équivalent de 14.5% du Produit intérieur brut (Pib) du pays et l’un des chiffres les plus élevés en Afrique avoisinant les 16,5% enregistrés par l’Unicef.
Inquiétudes
Face à ces chiffres alarmants, le Premier ministre n’a pas caché son inquiétude. Chose partagée et justifiée lorsqu’on apprend qu’à Madagascar, un enfant de moins de cinq ans sur deux, 47% plus exactement, est affecté par le retard de croissance dû à la malnutrition chronique. Un taux qui place d’ailleurs Madagascar parmi les cinq pays au monde qui ont le taux le plus élevé en termes de retard de croissance. Selon les initiateurs de cette étude, le lancement du rapport survient alors que le sud subit de plein fouet les effets de la sécheresse, accentuée cette année par le phénomène El niño qui a affecté les récoltes. Un fait qui démontre encore une fois la non-maitrise du phénomène par nos responsables politiques actuels et qui a de quoi inquiéter. Cette perte de plus de 1,5 milliard de dollars par an dans le Pib malgache déjà faible ne peut qu’handicaper le pays et représente incontestablement un poids qui ne laissera jamais le développement du pays décoller. Ainsi, des solutions pérennes doivent être mises en œuvre par les gouvernants non seulement afin de réduire mais au final, éradiquer ce phénomène de malnutrition chronique à Madagascar. Les conséquences ne se limitent pas, en effet, à ce phénomène. Car il s’avère que dans le domaine de l’éducation, le taux de redoublement et d’abandon scolaire chez les enfants souffrant de sous nutrition est de plus de 175 000 cas additionnels. Ce qui représente une perte de plus de onze millions de dollars. Cette carence dans l’éducation impacte sur le marché du travail, avec un coût exorbitant en termes de productivité potentielle perdue. Aussi, répondre efficacement à la malnutrition à Madagascar reviendra à solutionner d’innombrables problèmes en aval. Quid des actions à entreprendre face à un rapport sans équivoque.
Régis Kabary