Ukraine – L’opposition se prépare à de nouvelles mobilisations malgré la répression
Dimanche 2 février, au moins 30 000 personnes étaient rassemblées dans le centre de Kiev, sur la place de l’Indépendance, pour écouter les discours des chefs de l’opposition, qui ont annoncé une nouvelle journée de mobilisation et présenté un plan de sortie de crise. Ils ont aussi appelé tous les Ukrainiens à sortir dans les rues à midi, et à brandir des drapeaux ukrainiens, pour montrer que le peuple n’est pas « effrayé » par la répression. L’ancien ministre de la Défense Iouri Loutsenkoa a appelé, ce dimanche 2 février, à la formation de milices d’auto-défense. Il est difficile d’interpréter cette annonce mais on peut cependant penser que cette annonce restera purement formelle. Hormis dans les rues autour de la place de l’Indépendance, où patrouillent parfois des hommes casqués armés de bâtons, aucune organisation de ce type n’a été recensée dans le reste du pays, du moins du côté de l’opposition. Dans certains quartiers de Kiev comme dans plusieurs villes de l’est de l’Ukraine, il existe des groupes d’irréguliers que les médias ukrainiens accusent d’être payés par le pouvoir. Appelé les Titushkis, du nom d’un homme qui avait agressé une journaliste en mai 2013, ces provocateurs font la chasse aux opposants. Pour beaucoup d’activistes, ce sont eux qui pourraient être responsables de la disparition de certains militants dont on est toujours sans nouvelles.
Le militant Dmytro Boulatov a quitté le pays
Après avoir disparu durant une semaine, l’activiste Dmytro Boulatov avait été retrouvé le 30 janvier dernier affreusement mutilé. Il a quitté l’Ukraine ce dimanche 2 février. Dans un premier temps, DmytroBulatov avait été soupçonné par la justice ukrainienne d’avoir pris part aux émeutes de la semaine dernière. Il risquait alors 15 ans de prison. Cependant, selon l’oligarque Petro Poroshenko, qui soutient le mouvement de contestation,le parquet ukrainien a finalement abandonné les charges qui pesaient contre l’activiste. Dmytro Bulatov a donc pu quitter l’Ukraine dimanche soir pour la Lituanie, où selon le ministère des Affaires étrangères de ce pays. Il devrait y être soigné.
Divisions au sein du Parti des régions
Les leaders de l’opposition ukrainienne ont présenté dimanche à la foule réunie sur la place de l’Indépendance un plan d’action concret, qui va de l’arrêt définitif des violences à une réforme constitutionnelle de fond et des élections anticipées. Une annonce claire, qui rompt avec l’indécision coupable de ces dernières semaines. Les opposants à Victor Ianoukovitch semblent extrêmement confiants, notamment grâce aux rumeurs qu’un groupe relativement important de députés du parti des régions, la majorité présidentielle, serait prêt à soutenir ce plan d’action, voire à rendre leur carte du parti. Tout devrait devenir plus clair lors de la prochaine session parlementaire qui va s’ouvrir mardi 4 février. Mais l’appréhension demeure tout de même palpable. Victor Ianoukovitch est connu pour ses revirements de dernière minute et ses coups de force d’ailleurs les menaces d’instauration de l’état d’urgence se sont multipliées la semaine dernière. Sur la place de l’Indépendance, malgré un regain d’enthousiasme, on attend donc de voir pour croire.