Réclame ton dû !
« 2016 restera comme l’année où Vladimir Poutine a réussi à tourner à son avantage au moins cinq situations particulièrement risquées » a titré le Huffington Post hier. En effet, s’il y a une personnalité politique qui devait être suivi de près cette année, c’est bien le Président russe Vladimir Poutine. Celui-ci a tenu cette semaine sa quatrième conférence de presse internationale. Autant dire que c’était l’occasion pour lui de faire un bilan en forme de satisfecit personnel. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Vladimir Vladimirovitch Poutine est un ancien membre du Kgb, chef des services secrets russes mais également un judoka averti. Après un début de carrière politique plutôt terne au sein de la mairie de Saint-Pétersbourg, il devient de plus en plus influent et se fait remarquer par Boris Eltsine, qu’il rejoint en 1997 à la présidence russe, à Moscou. En 1999, il le nomme président du gouvernement. Vladimir Poutine est élu deuxième président de la Fédération de Russie en 2000, puis réélu en 2004. Ses deux mandats permettront au pays de se relever économiquement, rendant à la Russie un peu de son pouvoir d’antan mais le président Poutine affiche sa volonté de reprendre les rênes de toute l’administration. « Soucieux » de ne pas changer la Constitution, Vladimir Poutine offre à Dimitri Medvedev la possibilité de devenir président de Russie, sous la bannière du parti Russie unie, à condition que lui soit nommé Premier ministre. Une façon ingénieuse de pouvoir garder une main sur le pouvoir et de préparer son retour à la présidence en 2012, et il y est parvenu. Autant dire que Vladimir Poutine n’est pas ce qu’on pourrait appeler un joyeux luron.
En ce qui concerne 2016, Poutine a complètement changé l’ordre international et principalement la suprématie occidentale. Bien évidemment, on ne peut pas ne pas parler de la Syrie. La victoire à Alep a réalisé la percée stratégique que la Russie recherche dans la région depuis septembre 2014. Quinze mois après l’annonce de l’intervention militaire depuis la tribune de l’Onu, la Russie a atteint ses principaux objectifs. Elle a ressuscité le régime al-Assad, son allié depuis 1970. Désormais, les négociations sur l’avenir politique du pays se feront selon le scénario russe. Dans la région, l’alliance entre la Russie et l’Iran est le pôle dominant: la Turquie s’est ralliée aux positions de Moscou et les monarchies sunnites du Golfe sont sur la défensive. La Russie a également montré dans les faits les limites du système international qu’elle critique depuis une décennie. Les mécanismes de sécurité collective de l’Onu sortent discrédités de la guerre en Syrie. En utilisant son veto au Conseil de Sécurité, la Russie a paralysé les initiatives des Occidentaux. En 2016, l’annexion de la Crimée et le « conflit gelé » en Ukraine se sont installés durablement dans le paysage géopolitique. La Russie a ainsi réussi à passer du statut de pestiféré isolé à celui de maître du tempo. Et enfin, en France, le président russe a réussi à attirer à lui une partie de l’opinion publique auparavant choquée par sa brutalité. Il rallie désormais les partisans d’une présidence forte. Les résolutions non contraignantes de l’Assemblée nationale et du Sénat soulignent que de nombreux parlementaires sont en train d’évoluer. Deux candidats majeurs, à savoir François Fillon et Marine Le Pen, font ouvertement campagne pour un rapprochement avec la Russie.
Mais au-delà de ces réalisations, Vladimir Poutine et son administration en ont également fait pour notre pays et bien plus que nos dirigeants actuels. En effet, dernièrement, la Russie a tout simplement dénoncé l’occupation par la France des îles de Mayotte et Eparses alors que celle-ci a osé critiquer l’annexion par Moscou de la Crimée. « Il est étonnant que notamment en France et au niveau du ministre des Affaires étrangères, on parle de la soi-disant inconsistance de la déclaration de volonté du peuple, de l’absence de droit du peuple de choisir son destin », a dénoncé la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, au Le Monde Juif. « Et alors, comment Paris pourrait argumenter sa politique envers les territoires contrôlés par la France, dont l’île de Mayotte et les îles Eparses ? », a-t-elle poursuivi. Tout ceci est une démonstration du fait que lorsqu’on nous doit quelque chose, on doit tout simplement le réclamer et s’activer pour l’avoir. La Russie a revendiqué son statut alors que la Communauté internationale pensait en faire un « has been ». Pourquoi n’oserions nous pas pour cette simple question d’indépendance, au-delà des enjeux des iles éparses pour lesquels la Russie nous a déjà servi d’avocat ?
Oussa Fémal