Faut pas rigoler, il ne s’agit évidemment pas ici d’économiser l’énergie humaine, on ne se dépense jamais assez de cette matière. Du reste dans le pays, malgré les honteuses images symboles montrant, dans la fournaise d’une chaleur torride au beau milieu de l’enfer des embouteillages sans fin, des jeunes gens ployant sous le poids des surcharges entassées sur des chars à bras, ce n’est pas l’excès de dépense en énergie qui menacerait d’anémier une majorité de la population. Oui il existe aussi ces tristes sorts des enfants dont des exploiteurs sans vergogne usent prématurément la vitalité, de scandaleux cas que l’on ne saurait ne pas dénoncer quitte à jeter en pâture aux chiens le corps de ces prédateurs qui abusent de l’innocence.  
L’énergie dont il est question ici ne porte pas en des domaines aussi tragiques, mais le sujet n’en est pas moins important et nécessite réflexions aussi sérieuses. La réflexion part d’un constat : le pays, s’il faut prêter crédit à ce que l’on raconte, recèle d’énormes richesses alors qu’à s’en tenir à ce que l’on voit, une majorité de la population patauge dans des difficultés inhérentes à un état de pauvreté. Les gouvernants successifs n’ont pourtant pas réussi à tendre vers un dépassement de cette contradiction qui ne fait qu’alourdir la perception du poids de la misère. Contradiction supplémentaire, malgré cet état aucune campagne entreprise pour sensibiliser sur la nécessité d’économiser l’énergie en général et de façon plus particulière les énergies non renouvelables. 
Inutile de s’attarder sur les embouteillages, des gouffres de gaspi d’énergie, aucune volonté franche, sans doute faute de compétence, pour y apporter remède efficient. 
Pourquoi donc tant d’inertie ? L’opinion unanime déplore le phénomène du délestage et nombreux se plaisent à charger la Jirama, bien qu’à bien y réfléchir on pencherait à croire que bien des circonstances environnantes en sont au moins autant la cause que la Jirama seule n’en a la responsabilité. Une mesure toute facile, instituer une « heure d’hiver » non seulement accompagnerait de façon mécanique une réduction de la consommation en énergie électrique, mais interpellerait la population sur la nécessité d’un changement de l’état d’esprit et sur les avantages et profits que l’on peut en tirer. Il est possible que la mesure soulève grogne voire tollé au début, mais lorsque chaque foyer constatera l’économie réalisée au terme de 30 jours, nombreux s’interrogeront. 
Si faciles que soient l’adoption de cette disposition et son application, il ne s’agit pas d’en décider au pied levé. L’opinion se méfie de ces solutions prises à la va-vite. Des improvisations gouvernementales la population se méfie, elle a assez donné des expériences casse-gueules.

Léon Razafitrimo