Dépassement de ligne continue – Interpellation du Président par les forces de l’ordre
On peut tout dire contre le principe du grand mutisme que doivent respecter les membres des forces armées, qu’ils soient militaires, gendarmes, ou fonctionnaires de police. L’époque moderne les a libérés partiellement du bâillon, mais pour que la République soit républicaine il n’est de solution qu’à inviter certains corps de l’Etat à observer une obligation de réserve, à s’interdire de tremper par des déclarations dans le domaine politique. De hauts responsables de la sécurité publique ont perdu une belle occasion de se taire, hier au moment où ils ont déploré l’absence d’initiative du Président de la République du fait que celui-ci ne les a convoqués jusque-là pour traiter de la question de sécurité, ce qui pourrait risquer de provoquer une aggravation de la situation qu’on sait. Si ce n’est pas une interpellation ça y ressemble drôlement. Si gradés que soient ces officiers, publiquement leur déclaration outrepasse leur autorité, ils oublient peut-être, en tous cas ils semblent ne pas prendre en conscience qu’ils s’adressent au magistrat suprême à la fois chef suprême des armées. En rappelant publiquement à ce dernier un manquement à son devoir ils sortent de leurs bottes dans lesquelles ils sont censés rester droit, le petit doigt sur la couture du pantalon. Le droit que chacun s’octroie à vouloir traiter des obligations du voisin y compris de celles de ses propres supérieurs tend à devenir la plaie du pays. On parle sport que c’est la cacophonie dans les conseils venus de mille et un DTN, sans résultats à l’égal. Dix, cent fois plus d’experts encore lorsqu’il est question de politique, la démocratie se transforme en une course à avoir le micro dans l’espoir d’être entendu quand il n’y a plus personne à vraiment prêter oreille. De la même manière le Général Richard Ravalomanana a recueilli des suffrages de considération de la part de l’opinion, c’est peut-être l’effet recherché. L’effet d’annonce a été. Or ça a reposé sur un malentendu, le Général n’a pas posé de façon formelle sa démission, il a simplement annoncé une disponibilité à quitter son poste actuel si telle était la décision de la hiérarchie. Il n’a eu cette initiative médiatisée que pour valoir d’exemple. Stop, faut arrêter les frais ! L’acceptation de tout agent de la fonction publique de se soumettre aux décisions de la hiérarchie quant aux affectations et mutations de poste ne constitue-t-elle pas la norme, ça ne fait partie que des règles basiques. Faut-il qu’une star se sacrifie en exemple, pour que l’on respecte le règlement ? Ce n’est peut-être qu’une simple manifestation dans le but de se distinguer dans une posture banale de fonctionnaire discipliné qui de son point de vue ferait pourtant exception.
Léo Raz