Objectif : Bon
Depuis que l’on a semblé redécouvrir la vertu de la qualité excellence, chacun et tous ont tendu ou prétendu vouloir atteindre ce niveau. Il n’y a aucun mal à vouloir s’élever, au contraire on ne peut qu’encourager la volonté à le faire. Cependant lorsque les efforts s’arrêtent à tenir le discours et que la volonté s’apparente davantage à une velléité et que de plus les résultats d’une banale médiocrité le confirment, il est peut-être sage de se rendre à l’évidence et de se résoudre à reconnaitre que l’on n’a pas les moyens de cette prétention. Ce n’est pas pour autant que l’on se trouve dans l’obligation de se contenter de la médiocrité, entre les résultats médiocres et le désir d’atteindre l’excellence il est toute une échelle de valeur avec un niveau moyen, « bon », vers lequel on pourrait tendre avant de prétendre s’attaquer au sommet. D’excellents, le pays en a connus et en connait dans le lot des hauts responsables qui se sont succédé et se succèdent, de résultats excellents ça se compte sur les doigts d’un manchot. Personne ne se fait plus d’illusion, on est arrivé à la conclusion que pour le même prix même les « excellents » ne sont pas irremplaçables. Aussi le public inclinerait plutôt à désirer que l’on mette en objectif de simplement « bons » résultats produits par des femmes et des hommes normalement « bons ». L’excellence on la réserve en surprise : excellents les responsables le deviendraient simplement à l’œuvre lorsque la population aura ressenti les excellents effets de leur excellent travail. On n’en demande pas tant pour l’instant, les gens aspirent tout bonnement à de « bons » résultats. C’est dans cet esprit que l’opinion attend la désignation du prochain Premier ministre. On ne trahit aucun secret d’alcôve en se référant à toutes sortes de vraies fausses rumeurs qui circulent à propos des tractations discrètes et aux intrigues qui le sont moins en vue d’intoxiquer les concurrents. Les plus doux aux paroles rassurantes ne sont pas nécessairement ceux à qui répugnent les méthodes les plus cruelles. A peine on avance un nom que tout le monde se met à le canarder. Comme dans un champ de tir c’est à qui lancerait le plus de soucoupes pour les faire éclater sous des rafales de tirs, en espérant que s’il n’en reste plus qu’un ce sera lui. Les tirs nourris viennent autant du sous-camp adverse que des clans à l’intérieur des sous-camps. Il y a tant de fissures qu’il est difficile de délimiter les vraies frontières à l’intérieur même du camp de la majorité. L’amour vache a bonne cote en pareille circonstance, « ce mec ferait sans doute un bon Premier ministre, mais il est excellent à son poste actuel qu’il y est irremplaçable » !
Léon Razafitrimo