Les évidences paraissent parfois invisibles aux yeux des premiers intéressés, c’est vrai que les sens ne servent qu’à ceux qui veulent les utiliser à bon escient, ainsi il n’y a, dit-on, pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. La défaite à une élection présidentielle peut doter d’une aura à qui sait l’encaisser en rebondissant avec noblesse. Il ne s’agit pas de tirer sur une ambulance, la manière dont se débat Monsieur Jean-Louis Robinson le réduit dans une posture si pathétique, qu’il donne du café à moudre aux commentaires peu amènes. Sans vouloir ajouter de l’eau au moulin des adversités qui le noient, on ne peut passer sous silence toutes les mauvaises causes qu’il épouse, histoire de tenir le devant de la scène. 
On peut comprendre un tel désarroi lorsque durant le combat on s’y voyait déjà. La coupe devait d’autant être plus amère, et pis plus on la remue plus on doit avaler la défaite jusqu’à la lie. En de telles circonstances les moments les plus terribles surgissent au moment où l’on perd prise parce que le vide se fait autour de soi et que les copains eux-mêmes bifurquent de route. Le pôvre doit sentir le sol se dérober sous ses pieds quand d’une part Madame annonce avec grand sourire que son mari Marc reconnait Monsieur Hery Rajaonarimampianina dans les fonctions de Président et que d’autre part le chef de la mouvance Ravalomanana déclare comme si c’était tout naturel que le bout de chemin que la mouvance avait emprunté en compagnie de Robinson s’arrêtait là. Las ! Monsieur Jean-Louis Robinson après avoir perdu toutes les petites guerres qu’il a entreprises tente encore une autre chance comme pour sortir la tête hors de l’eau. Avec les 47% des suffrages obtenus au second tour, il revendique le rôle de Chef de l’opposition qui lui revient de droit selon son point de vue. Il n’est un secret pour personne que du mérite des 47% il ne saurait prétendre en faire l’exclusivité… Si lui a tardé à reconnaitre la victoire de Hery Rajaonarimampianina, Marc Ravalomanana lui a grillé la politesse. Du reste l’un et l’autre de ces messieurs ne combattent pas dans la même catégorie, le Président détrôné campe dans une posture de Chef moral de l’opposition, alors que le candidat battu semble lorgner sur le trône constitutionnel de Chef de l’opposition. Cependant à ce niveau les combines entretiennent une ambigüité dont l’une des hypothèses déborde de la constitution. Ce n’est pas parce que la constitution dispose que l’une des vice-présidences de l’Assemblée Nationale revient au Chef de l’opposition que l’on peut franchir le raccourci et conclure que l’opposition peut désigner à ce poste un Chef qui n’est pas député. L’Assemblée Nationale constitue la Représentation Populaire, il est impensable qu’elle ait un vice-président qui ne soit pas un élu du peuple. Monsieur Robinson risque de ne plus avoir de choix qu’à se prévaloir de son titre de Finaliste battu à une présidentielle, qualité qui nécessite les honneurs d’un comportement de noblesse.

Léon Razafitrimo