Soanierana – 10 maisons, un bassin lavoir et une borne-fontaine rasés !
Cela dépasse tout simplement l’entendement ! Selon certaines informations, la Justice a permis toutes ces démolitions tandis que ni le ministère de la population, ni la Commune urbaine d’Antananarivo, ni autre entité d’ailleurs, ne se sont manifestés pour défendre les habitants de ce fokontany. Bref, tout se passe dans l’indifférence totale des autorités et le pays est réellement entre les mains de ceux qui ont de l’argent.
Depuis avant-hier, la population du quartier de Soanierana dans le quatrième arrondissement se trouve dans le désarroi total. Un bulldozer, soutenu par des éléments des forces de l’ordre, a tout rasé sur son passage et n’avait rien à faire des meubles et des affaires des occupants d’une dizaine de maisons. Pire, un bassin lavoir et une borne-fontaine ont aussi fait les frais de cette démolition et du coup, ce sont presque la totalité des habitants de Soanierana qui n’ont plus d’eau d’autant qu’ils ne peuvent pas aussi recourir à la rivière d’Ikopa. Il faut savoir que cette dernière se trouve à plusieurs kilomètres de ce fokontany et surtout, est asséchée depuis plusieurs jours. Et pourtant, tous savent que l’accès à l’eau potable pour la Capitale est un sérieux problème que jusqu’ici, personne n’est arrivée à résoudre. En 2014, seules 24% des ménages pour tous les six arrondissements d’Antananarivo ont le branchement d’eau particulier et évidemment, avec les difficultés connues par la Jirama qui est incapable d’entretenir – encore moins de renouveler – ses réseaux, ce taux a sûrement beaucoup baissé.
Sans ressources
En somme, plus de 80% des foyers d’Antananarivo s’approvisionnent en eau dans les bornes-fontaines payantes et si on en rase une, des milliers d’habitants se trouvent du coup obligés de faire des kilomètres pour en trouver. Pour les bassins lavoirs, il n’y en a pas des centaines dans toute la Capitale et pour être plus précis, de très nombreux fokontany – parmi les 194 de la Cua – n’en possèdent pas. C’est le cas par exemple des quartiers qui bordent la rivière d’Ikopa. D’un autre côté, d’autres milliers de familles vivent de la lessive et qui donc avec la démolition du bassin lavoir de Soanierana, se trouvent sans ressources. Non seulement, plus d’une trentaine de foyers sont devenus des sans-abris mais ils ont aussi perdu leur travail, qui comme tous le savent, arrive juste à acheter quelques centaines de grammes de riz. Toujours dans l’après-midi d’avant-hier, les concernés ont envahi le bureau du fokontany Soanierana pour avoir plus d’explications. Et jusqu’à l’heure où nous mettons sous presse, aucune autorité n’est venue soutenir cette population dépouillée de leurs habitations, de leur point d’eau et de leur travail. Du coup, beaucoup se rappellent que quelques années auparavant, une ministre de la population vient au chevet de ces victimes, non seulement pour apporter réconfort, mais surtout pour arrêter ces procédures de démolition de maisons. Mais ces temps sont loin.
Vladimir Illitch