Les rumeurs circulent sur la possibilité d’octroyer un poste de vice-président de l’Assemblée Nationale à Monsieur Jean-Louis Robinson. Le choix d’une telle formule en violerait le caractère sacré de l’Assemblée Nationale. Certes on a peut-être égaré la culture de la démocratie, reconnaissant au seul peuple le droit souverain de nommer ses représentants. Déjà qu’en elles-mêmes les élections prêtent le flanc à des doutes, mais s’il faut de plus instiller des exceptions au principe de base de la représentation populaire, c’est toute la construction qui s’écroule. Les mauvaises réactions enkystées à cause d’une longue période de Transition durant laquelle on a bâillonné le peuple pour kidnapper sa voix et confier celle-ci à de simples commis nommés par la volonté des copains, ne suffit pas à servir d’alibi pour s’autoriser à larder de coups de canif (fût-ce d’un seul) les principes de la démocratie. Au contraire le respect ne saurait qu’être exigé de façon stricte avec sévérité. 
On sait que la rédaction de la Constitution, de façon délibérée ou en raison d’une quelconque désinvolture voire d’insuffisance, ne constitue pas un modèle de précision. Cependant il faut tirer les textes par les cheveux pour parvenir à la conclusion d’une désignation de l’extérieur d’un élément étranger à l’assemblée au poste de vice-président de l’Assemblée Nationale. « A l’Assemblée Nationale l’opposition a droit à un poste de vice-président et préside au moins une commission ». Difficile à partir de ce texte de conclure sur une possibilité faite à l’opposition de faire appel à du renfort venu de l’extérieur. Un vice-président de l’Assemblée et pourquoi pas un président de commission qui pourraient ne pas être députés. C’est à se demander si on n’atterrit pas au beau milieu de bananeraies qui se préparent à ériger une république, assouplir la loi à sa guise en fonction de l’utilité recherchée, au besoin à contrecarrer les principes généraux de la démocratie et les valeurs républicaines.  
Le pays se trouve en phase de reconquête d’une crédibilité de son Etat qui se veut républicain. Est arrivé le moment de faire adieu aux manœuvres de petits soldats qui ferraillent avec la loi afin de donner à celle-ci une souplesse modulable à merci. Evidemment qu’il sera difficile à ceux qui aimaient à se répandre en discours pour prendre à témoin ciel et terre quant à une réalité d’un Etat de droit alors que l’on vivait le contraire, de joindre le geste à la parole. Le pli qu’ils ont pris à faire prendre des vessies pour des lanternes a pu venir à bout de leur lucidité. C’est ainsi qu’ils ont à opérer une révolution dans leur propre tête au préalable, pour apprendre à différencier de leur désir la loi.

Léon Razafitrimo