Depuis quelques jours, on est toujours plus ou moins revenu sur le discours du président de la République, le chef de l’Etat, celui qui devrait être le premier élément rassembleur de toute une nation. Le discours en politique importe énormément car en premier, il est le moyen de faire entendre et véhiculer ses idées, convaincre son électorat ou ses partisans. Les plus grands dirigeants de ce monde savent bien que la communication et surtout les discours qu’ils tiennent auront toujours des impacts plus ou moins considérables sur l’opinion des citoyens et du monde. Ainsi, ils sont étudiés de manière très pointue avant et après qu’ils aient été prononcés. Ce fut le cas du dernier discours de Vladimir Poutine pour l’année 2016, le premier discours de Donald Trump après son élection à la tête des Etats-Unis d’Amérique, les quelques mots prononcés par Marc Ravalomanana lors de la cérémonie de Iavoloha et surtout le discours de Hery Rajaonarimampianina lors de sa présentation de vœux pour l’année 2017. Celui de Barack Obama pour son adieu à la scène politique à Chicago le mardi 10 janvier dernier à Chicago était également une belle démonstration de savoir-faire en matière de communication.

Barack Obama, qui s’apprête à céder son fauteuil à la Maison Blanche à l’homme d’affaires républicain Donald Trump dans quelques jours, avait choisi la ville de Chicago, terre de sa fulgurante ascension politique, pour prononcer son dernier discours en tant que président des Etats-Unis, mardi 10 janvier. Il avait été accompagné bien évidemment de sa femme Michelle et du vice-président Joe Biden. Plusieurs sujets ont été évoqués par celui qui aura été le premier président afro-américain des Usa et il a commencé par défendre son bilan. « Si je vous avais dit il y a huit ans que nous inverserions la récession, que l’on relancerait notre industrie automobile, que l’on aurait ouvert un nouveau chapitre avec les Cubains, que l’on aurait neutralisé l’instigateur du 11-Septembre ? Mais c’est ce que nous avons fait. C’est ce que vous avez fait. Et grâce à cela l’Amérique est un endroit meilleur et plus fort que lorsque nous avons commencé »       . Barack Obama a ensuite appelé à intensifier les efforts en matière de progrès sociétaux. « Racisme, santé, malgré tous les progrès que nous avons fait, ce n’est pas suffisant. Nous pouvons discuter de la façon d’atteindre ces buts, mais on ne peut pas discuter de ces buts en eux-mêmes. Si nous ne créons pas assez d’opportunités pour tous, les divisions vont s’intensifier », a-t-il souligné. Mais sans aucun doute, le message d’Obama que chacun devrait prendre en compte est celui-ci : « soyons vigilants, mais pas effrayés. Ne soyons pas un autre pays qui harcèle les plus faibles. Ne considérons jamais notre démocratie comme acquise (…) Nous devrions tous être impliqués dans sa préservation. Nous, les gens, avons le pouvoir. Avec notre participation, avec notre vote et les choix que nous faisons. Avec notre respect des règles et des lois ».

Un message adressé à qui de droit, à ceux qui ont encore des oreilles pour écouter et des yeux pour constater la réalité de la démocratie à Madagascar. Actuellement, selon l’indice de démocratie mondiale, Madagascar se trouve au 99^ème rang mondial avec même pas une démocratie considérée comme imparfaite mais carrément un régime hybride, proche du totalitaire. Pourtant, les tenants du pouvoir s’évertuent à dire qu’on se trouve dans la vraie démocratie, acquise par leurs efforts. Alors que la moindre manifestation est sévèrement sanctionnée et réprimée. Alors que les leaders d’opposition sont traqués jusque dans les enterrements. Et alors que ceux qui veulent s’ériger en tant qu’opposants officiels sont victimes des tergiversations et des  ajournements voulus par le pouvoir. A l’heure où l’un des présidents de la première puissance mondiale ayant  une démocratie parfaite, ayant assurément marqué l’histoire de son empreinte, exhorte ses citoyens à se battre pour la démocratie, les messages de haine et attaques gratuites se sont multipliés dans le discours du chef d’Etat malgache. C’est dire à quel niveau notre pays et surtout nos dirigeants se trouvent.

Ny Aina Rahaga