Toamasina – Manifestation devant un commissariat
Une foule enragée s’est rendue devant le poste de police de Mangarano, de la ville de Toamasina, hier matin. Plus de 300 individus, domiciliés à Mangarano et Ambalamanasy, se sont effectivement attroupés sur les lieux en vue de réclamer une vindicte populaire. En effet, d’après les informations reçues, quatre bandits avaient attaqué un magasin à Mangarano la veille. Ceux-ci ont non seulement dérobé plusieurs marchandises ainsi qu’une somme d’argent de 300 000 Ariary, mais ils ont également mis prématurément fin à la vie du propriétaire du magasin. Des bleus ont été constatés sur le corps du défunt, ainsi que deux traces de coups de couteau : un sur le ventre et un autre sur la poitrine. Bien entendu, les agents des forces de l’ordre ont été directement avertis de la situation. Les policiers se sont lancés à la poursuite de ces bandits, trois d’entre eux ont été arrêtés tandis que l’autre court toujours à l’heure actuelle. Mais l’arrestation de ces criminels a été l’élément déclencheur de la colère des habitants qui se sont directement rendus au commissariat de police de Mangarano, en réclamant la mise à mort des inculpés.
« L’État protège des dahalo »
Coups de sifflet assourdissants, cris et lamentations ont bercé les agents de police du commissariat de Mangarano durant la journée d’hier. Même après la découverte et la confirmation que les bandits arrêtés ont été transférés ailleurs, la foule incontrôlable ne s’est pas dispersée. Cette meute en voulait fortement aux autorités malgaches pour la situation d’insécurité et d’injustice dans laquelle elle se trouve. Et c’était la meilleure occasion pour ces habitants de montrer sa déception quant au travail des agents des forces de l’ordre. Le nombre des récidivistes en circulation est la première chose que la population malgache déplore. D’après ces gens, « ils ne se sentent plus en sécurité » car même si les bandits et voleurs se font arrêter, ils retrouveront sûrement leur liberté deux ou trois jours plus tard. D’après eux, la seule solution c’est la vindicte populaire. Plus aucune confiance au régime actuel n’émane de la population malgache, qui devient de plus en plus incontrôlable. Pour rappel, un cas similaire s’est produit l’année 2016 mais la situation a été désamorcée lorsque des membres de la famille de la victime ont eu la preuve que les inculpés étaient bel et bien à l’endroit indiqué par les policiers. Contrairement à cette foule devant le commissariat de Mangarano qui ne voulait absolument pas lâcher l’affaire. « L’État protège des dahalo » a d’ailleurs clamé l’un des manifestants hier. Cela démontre que le phénomène vindicte populaire n’a toujours pas été maîtrisé par les autorités mais, au contraire, échappe totalement à leur contrôle.
Athanase