Essor à surveiller !
Le 12 avril 2014 lors du « State of the Africa Region », la Banque mondiale mettait en garde contre tout excès de complaisance dans la gestion des défis persistants que rencontre l’Afrique pour assurer son développement. Et ce, alors même que l’institution félicitait le continent pour sa 20ème année consécutive de croissance soutenue, les estimations tablant sur une progression du PIB de 5,1% en 2014. Trois principaux points devaient alors être relevés à ce moment. En premier, la Banque mondiale saluait 19 années de croissance solide en Afrique mais met en garde contre tout excès de complaisance. Puis qu’un panel d’experts s’intéresse aux solutions qui rendraient la croissance plus profitable aux pauvres et davantage dirigée vers le partage de la prospérité. Et enfin que pour réaliser son potentiel, l’Afrique doit sortir de l’engrenage des conflits et saisir toutes les occasions de progresser. Richement dotée en ressources naturelles et bénéficiant d’une démographie exponentielle, l’Afrique a en effet tout pour réussir, et ce naturellement. Pourtant, le continent peine à prendre toute sa place dans la mondialisation. C’est un fait que personne ne peut nier aujourd’hui car après un peu plus d’un demi-siècle de la fin des colonies, le continent n’arrive toujours pas à se relever.
Certes, comme au lendemain de la décolonisation, nombreux sont aujourd’hui les experts à annoncer l’irrésistible affirmation de la puissance africaine. Sans nier le dynamisme de son économie, bien des défis doivent cependant être encore relevés, à commencer par la faiblesse des Etats qui autorise toutes les convoitises étrangères. Pour preuve, après avoir été un enjeu de la rivalité Est-Ouest et la chasse gardée des anciennes puissances coloniales, l’Afrique est désormais la proie des Émergents – Chine et Inde en tête. L’Afrique possède près d’un tiers des réserves minérales mondiales : 81% du manganèse, 68% du chrome, 55% du platine, 44% du vanadium, 40% de l’or… Sans oublier les gisements en terres rares auxquels les industries contemporaines sont si dépendantes. Pour le pétrole, le continent ne détiendrait que 13% des réserves prouvées, mais ses coûts d’extraction et de production sont très compétitifs. Aux côtés des trois géants de l’Afrique pétrolière que sont le Nigeria, l’Angola et la Libye, d’autres pays se hissent en bonne place, comme l’Algérie ou plus récemment la Guinée équatoriale. Autres ressources : la terre et l’eau. Près de 90% des surfaces arables non exploitées sont situées sur le continent africain et en Amérique latine. Et le continent africain n’a pas les ressources naturelles pour seul atout. Sa démographie est en passe d’en faire un « poids lourd » mondial. La population en âge de travailler devrait exploser en nombre absolu, passant de 430 millions à 960 millions entre 2000 et 2030, pour dépasser celle de l’Inde dans les années suivantes selon les estimations.
Pour tout ce qui vient d’être dit, Madagascar n’est pas en reste et détient même la majorité de ces richesses. Et si l’Afrique suscite toutes les convoitises et est devenue le centre de tous les intérêts du monde, Madagascar en fait inévitablement partie. La Grande île est considérée en ce moment même comme faisant partie de l’avenir. A titre d’exemple le fait que le pays se hisse maintenant dans le top 10 des destinations de vacances au monde. Une suite logique, les investissements des puissants se multiplient de manière exponentielle ces dernières années. En atteste la France qui vient d’augmenter à 12 milliards d’Euros la somme allouée aux aides publiques, au développement pour l’Afrique en marge du Sommet France-Afrique qui se tient actuellement à Bamako. La première réflexion que l’on devrait avoir face à cela n’est pas la réjouissance. Car nul n’ignore qu’investissement doit aller de pair avec rentabilité et profit. Aussi, le pays, les dirigeants et surtout les citoyens qui votent et font les décideurs doivent se demander quelle réponse donner à cet intérêt de plus en plus prononcé ? Pour pouvoir en tirer le plus de profit. D’un côté comme de l’autre, il est clair qu’on parle d’un essor à surveiller.
Ny Aina Rahaga