Cua – Une gestion chaotique, une Maire absente
Ras-le-bol, c’est sans doute le mot qui pourrait qualifier le mieux le sentiment des conseillers municipaux de la Commune urbaine d’Antananarivo, en tout cas, ceux qui ne doivent pas obéissance aveugle au maire et son parti. Ces derniers, majoritairement des prétendants à l’hôtel de ville lors de la dernière élection et qui avaient donc toutes et tous des projets pour la capitale, se désolent de la situation dans laquelle la ville d’Antananarivo se trouve en ce moment. Lors d’une conférence de presse hier à l’hôtel Big bang à Behoririka, bon nombre des conseillers municipaux qui s’étaient depuis le début posés comme opposant face au maire Lalao Ravalomanana ont dénoncé le chaos total qui règne à la tête de la Cua. Selon Lalatiana Rakotondrazafy, Lalatiana Ravololomanana, Véronique Rajerison et bien d‘autres conseillers municipaux, les dirigeants de la Commune ne font que bafouer les lois qui régissent les collectivités territoriales décentralisées à chaque occasion qui se présente. A titre d’exemple, la loi 2014-020 relative aux ressources des Collectivités Territoriales Décentralisées dispose en son article 75 que « la session budgétaire pour chaque Collectivité Territoriale Décentralisée est fixée comme suit : au cours de la deuxième quinzaine du mois d’août, pour la Commune ». Or, la session budgétaire qui devait fixer le budget de la Cua pour l’année 2017 n’avait commencé qu’à partir de la dernière semaine du mois de décembre dernier.
Vols et mensonges
Mais le non-respect des textes législatifs censés régir le fonctionnement de la Cua n’est pas le seul fait reprochable à Lalao Ravalomanana et ses collègues. En effet, les conseillers municipaux qui se sont réunis hier ont soulevé plusieurs interrogations sur la gestion financière au niveau de la Cua. Et ce, notamment en ce qui concerne le contrat avec la société Easy Park et les parts de la Cua dans les droits de parkings perçus par ces derniers. Selon le contrat, la société Easy Park devrait reverser 20% des recettes à la Cua. Or, le budget 2016 de la Cua n’avait pas intégré ces 20%. C’est seulement après que ces conseillers municipaux ont interrogé le Directeur général d’Easy park qu’il a été découvert que la maire de la capitale avait déjà pris plus de 70% de la somme totale en 2016 sans que personne n’en soit au courant. La question des 200 000 Ariary perçus pour chaque dossier lors de l’opération permis de construire de la Cua reste également floue. Pourtant, plus de 3400 dossiers ont été reçus, ce qui fait donc un total de 680 millions d’Ariary partis on ne sait où jusqu’à l’heure actuelle. Pourtant, la loi 2014-020 en son article 80 dispose que « la première session du Conseil est consacrée principalement à l’approbation du bilan de l’année écoulée et l’évaluation de l’exécution des programmes d’action. A cette occasion, le Chef de l’exécutif rend compte au Conseil, par un rapport spécial, de la situation de la Collectivité Territoriale Décentralisée ». Malgré cela, Lalao Ravalomanana n’a rendu aucun compte jusqu’à aujourd’hui au Conseil municipal et évite à chaque fois toute confrontation avec eux, envoyant la plupart du temps ses acolytes. La Cua se dirigerait-elle maintenant à coup de vol et de mensonges ? C’est en tout cas l’avis de bon nombre de conseillers municipaux.
Régis Kabary