L’Etat enchaîné
Les événements récents donnent un sacre à la constitution de la 4ième République, même les réfractaires à lui accorder reconnaissance, actuellement y font référence, ainsi implicitement de facto la reconnaissent. Ceux qui faisaient des gorges chaudes de ces anniversaires peut-être prématurément célébrés avant la vraie naissance, se sont ralliés en s’alignant lors des élections. Les combats d’arrière-garde contre cette constitution n’ont plus lieu d’être, c’est celle qui est en application et il faut y faire face. Plus facile à dire qu’à pratiquer. Chaque étape de mise en application soulève vaines polémiques et problèmes de fond. Pour ne pas verser dans la méchanceté, le mieux que l’on puisse faire c’est de ne pas voter des félicitations pour les rédacteurs et autres concepteurs de cette constitution. On raconte que parmi les experts et spécialistes il en était un autant grande gueule que grosse nullité, une vraie tache au point qu’actuellement où apparaissent les m… certains vont jusqu’à suspecter ce gars-là de saboteur. Possible, mais n’y en avait-il pas un pour racheter l’autre ? De vrais sorciers qui ont empoisonné tout le monde en chaîne : l’exécutif n’y a vu que du feu, le parlement a considéré l’ouvrage comme un chef-d’œuvre. Grands juristes et prétendus experts en sciences politiques n’ont pas fait honneur à leur savoir. Ils ont laissé toutes les ouvertures possibles à tous les demi-savants et apprentis sorciers à faire du juridisme et à inventer des théories politiciennes.
Il ne s’agit pas de mêler dans cette avalanche de légèreté le peuple, tout simplement sous prétexte qu’il a avalisé la médiocrité par un référendum. Inutile de revenir sur la singularité de cette consultation populaire. Par contre l’occasion est trop belle pour que l’on ne rate pas de soulever la question relative à la valeur morale du référendum. Sans aller aussi loin que les gauchistes et anars qui qualifient les élections de trahison, on peut s’interroger sur l’escroquerie que renferme le genre de tels référendums. Procéder par comparaison et exemple ne constitue pas un modèle idéal de démonstration et ne servent qu’à illustrer une démarche par raison selon ce que pensent les puristes. Soit et tant pis ! Le peuple a-t-il les moyens de faire un choix si on lui demandait d’opter entre un Etat Unitaire et un Etat Fédéral, le choix se compliquerait-il si la question portait sur un choix entre régime présidentiel, régime parlementaire, semi-présidentiel ou semi-parlementaire. Lorsqu’on lui propose comme option de dire oui ou non à un texte de plusieurs pages avec tellement de subtilités et tant de contradictions que même les ânes et les spécialistes se bouffent le nez pour en dégager une interprétation chacun en sa faveur, le peuple n’est pas l’âne !
Léon Razafitrimo