Tenté de dire aujourd’hui qu’à défaut de mieux, on se contente de peu. C’est bien de cela que la vie des malgaches est faite actuellement. En pleine période de soudure économique, il semblerait que la sècheresse qui prévaut actuellement à Antananarivo, en particulier, et sur les hauts plateaux, en général, en rajoute un peu plus un calvaire de plus en plus insupportable dans la Grande île. Alors que les rivières et les lacs s’assèchent complètement, le ciel, furieux sans doute, ne veut toujours pas verser une seule goutte.

Loin le proverbe malgache qui disait « miloloha lanitra ka tsy maintsy lena », littéralement on a le ciel en dessus de nos têtes, on se retrouve inévitablement mouillé. En ces temps où tout le monde se serre la ceinture, les « tandapa » ou intendants du Palais se remplissent les poches au vu et au su de tout le monde sans être inquiétés. Ecopant tout juste de quelques mots d’avertissement signalant qu’il ne faudrait en aucun cas ternir l’image des dirigeants et de ceux qui leur ont ouvert la porte du ciel, du sol et du sous sol. Voilà ce qu’il en coûte de naître malgache, de vivre à Madagascar et d’être destiné à y rester ou du moins d’y être lié à tout jamais.

Nous malgaches, sommes et seront toujours liés à ce pays, ou du moins au lieu où nos ancêtres ont vu le jour que nous appelons « Tanindrazana ». Lequel en effet oserait renier ses racines s’il se dit encore malgache ? Et cela peu importe l’endroit où l’on se trouve dans ce monde. D’ailleurs, l’hymne national « Ry Tanindrazanay malala » en atteste bien du sentiment qui lie le peuple à sa terre natale. Comparé aux autres La Marseillaise, The Star spangled banner ou God save the Queen. Pourtant, combien d’entre nous en ce moment se soucient réellement de ce que vit notre « Tanindrazana » ? A rappeler que la Patrie est maintenant apatride.

Bref, le fait est que l’avenir du pays semble être devenu le cadet des soucis non seulement des tenants du pouvoir mais aussi de presque tous les citoyens. A l’annonce d’une probable sècheresse d’ici peu, les gens se sont rués sur les bornes-fontaines afin de collecter le plus de litre possible. Pourtant, l’on a constaté que les incendies de forêts et les pratiques du « tavy » ne cessent point. Comme solution, il serait question d’une campagne de reboisement massive que le parti présidentiel lui-même lancerait d’ici la semaine prochaine. Une solution loin d’être adéquate car ce ne sont pas les jeunes pouces et les jeunes plants qui vont faire venir la pluie. Face à une pénurie des denrées alimentaires qui a 90% de chance de survenir dans les prochaines semaines, les prix flambent et seuls ceux qui ont de l’argent peuvent faire quelques provisions.

Les solutions du régime sont à chaque fois inadéquates et mal adaptées à la situation. En effet, lorsqu’il faut des réponses immédiates, les tenants du pouvoir eux se projettent dans cinquante voire même cent ans, comme pour le cas des arbres à planter la semaine prochaine. Et pourtant, lorsque des actions à long terme sont exigées, l’on se contente de quelques solutions tiptop qui ne dureront même pas le temps d’un lendemain. Comme pour le cas de la Jirama qui ne cesse de priver d’électricité les quelques foyers qui pourraient en bénéficier. C’est également le cas dans la lutte contre le grand banditisme et l’insécurité qui font chaque jour des victimes, des morts et des blessés.

Cette plaidoirie ne trouvera jamais sa fin tant il y a de choses à dire et de choses qui ne sont pas comme elles devraient l’être au pays. Et pour bon nombre de citoyens, ceux qui doivent être les premiers à proposer des issues n’en sont tout simplement pas capables. A de nombreuses reprises, les malgaches en ont eu la preuve, depuis ce discours plagié sur celui d’un Président étranger rejeté par ses compatriotes jusqu’à aujourd’hui jeudi 19 du mois de janvier 2017. Mais comme on disait, à défaut de mieux, on se contente de peu, de très peu.

Ny Aina Rahaga