Journalisme d’investigation – Un métier de tous les dangers à Madagascar
Peu de gens connaissent ce qu’est le journalisme d’investigation à Madagascar et les enjeux que ce métier représente, surtout dans un pays comme le nôtre. Le journalisme d’investigation suppose tout d’abord un travail de longue haleine sur un sujet unique, en l’approfondissant au possible. Ce genre journalistique peut donc mettre au grand jour certaines choses bien cachées aux yeux du public, et en général c’est le cas. En effet, les investigations touchent, pour la plupart du temps, des sujets sensibles qui peuvent impliquer de hauts responsables ou de grandes entreprises et firmes. Ce n’est pas encore le genre le plus populaire à Madagascar et cela se comprend aisément. Quelques uns s’y sont déjà essayés mais jusqu’à maintenant, le résultat n’est pas encore au rendez-vous. Pourtant, ce ne seraient sans doute pas les sujets à traiter qui manquent. En effet, plusieurs affaires devraient être exposées aux yeux de la population et de tous les citoyens surtout en ce moment vu la dégringolade dont le pays est victime. Mais le fait est que de plus en plus de responsables étatiques, par exemple, n’y ont pas intérêt. Ainsi, les empêchements sont devenus trop nombreux. En atteste ce qui est arrivé ce mois-ci à deux journalistes malgaches qui effectuaient des recherches sur la protection de l’environnement et surtout le trafic des richesses nationales et des espèces protégées. Ces derniers ont été victimes de cambriolages à leurs domiciles respectifs et il semblerait que leurs ordinateurs portables contenant tous leurs documents aient été les cibles mais aussi les motifs de ces actes. Auparavant, d’autres journalistes ont, eux aussi, fait les frais de ce genre de crime.
Changer le monde
Marina Walker, une des figures mondiales du journalisme d’investigation et directrice adjointe de l’Icij, le Consortium international des journalistes d’investigation qui a orchestré des enquêtes journalistiques d’ampleur mondiale telles que « SwissLeaks » en 2015 et les « Panama Papers » en 2016 qui a fait grand bruit à Madagascar avait déclaré que « le journalisme d’investigation peut changer le monde ». En effet, l’enquête et les révélations des Panama Papers ont confirmé la place du journalisme dans la mondialisation actuelle. Mais surtout l’importance de la collaboration entre les rédactions. Voilà donc la solution proposée pour que le quatrième pouvoir puisse réellement apporter sa contribution à l’évolution de la situation malgache et servir réellement les intérêts de la nation, au-delà de son rôle de simple informateur. Toutefois, les dangers qui peuvent en découler sont nombreux. Et il ne suffit pas de dire que la liberté d’expression et d’information existe pour que cela change, les pouvoirs doivent réellement être indépendants les uns des autres, y compris le quatrième.
Régis Kabary