Cassetta Rachele – Une grande photographe dans nos murs
Grâce aux relations existant entre les centres culturels à Madagascar comme le Cercle Germano-Malagasy (Cgm) ou encore les réseaux de l’Alliance française et les artistes internationaux, des vedettes et des grosses pointures de renommée mondiale viennent chaque année dans la Grande île pour montrer leurs savoir-faire, leurs œuvres tout en donnant place aux échanges et aux partages. Qu’ils soient chanteurs, danseurs, chorégraphes, peintres ou encore photographes, l’objectif reste le même : faire évoluer l’art en promouvant la créativité. Actuellement, c’est une célèbre photographe italienne mais habitant Paris qui est dans nos murs pour quelques mois. Il s’agit de Cassetta Rachele, une artiste qui vient de très loin par amour de la découverte, pour la culture et le partage. Mais le but de sa visite est tout d’abord professionnel. Avec ses camarades, elle organisera deux expositions sur le thème de l’environnement dans la Capitale, plus précisément aux alentours d’Analakely.
Une latine ambitieuse
Rachele Cassetta est née à Latina, en Italie, province de Rome en 1976. Femme ambitieuse, après avoir suivi des cours d’histoire du cinéma à Bologne, elle voyage entre la Belgique et Rome où elle a fait ses études de photographie aux côtés du célèbre Alfonso Maria Mongiu. Ayant passé des années dans la capitale italienne comme photographe indépendante, elle décide de s’installer à Paris où elle vit depuis quatre ans. Rachele réunit par la photographie ses deux passions : l’Humain et le Voyage. Actuellement, elle est portraitiste dans plusieurs sociétés notamment Babilou, Comitéo, Arrowman, Ipanema Healthcare et bien d’autres encore. Cassetta est aussi la créatrice de l’agence From Paris with Love. Bien que rompue à la photographie en studio, elle trouve son accomplissement dans la photographie sur le terrain, dans l’urgence et la fuite.
Une visite non programmée
Dans la Capitale depuis mardi dernier, la photographe professionnelle affirme n’avoir jamais pensé à visiter Madagascar. Elle a même assuré que ce voyage n’était pas prévu dans son agenda et que cette destination n’était pas une priorité pour elle. Pourtant, son ami Stephano Alaimo, un artiste plasticien ayant déjà habité quelques années à Madagascar, l’a invitée à venir et dans le pays et mettre sur pied un projet artistique axé sur le sujet de la protection de l’environnement. « Ce n’étai pas prévu… En réalité, Madagascar ne figurait même pas sur la liste de pays que je voulais visiter. Non seulement il est très loin de là où j’habite mais les choses qu’on dise sur lui ne sont pas également bon à entendre, que ce soit côté sécurité ou condition de vie sociale. Mais en tout cas, je suis contente de pouvoir visiter ce pays qui n’est finalement pas si mauvais que ça. Cela ne fait que quelques jours que je suis ici mais je pense que cet endroit est magnifique », confie l’artiste au cours d’une interview, lors de son passage au Cgm.
Des projets
Etant dans le pays depuis peu, Cassetta et ses amis artistes ont déjà réussi à installer une grande exposition se tenant à Analakely et ses entourages. Il s’agit de l’un des étalages prévu dans le projet « Feu de brousse », un événement artistique qui consiste à mettre à l’honneur les travaux de 4 artistes à Antananarivo, entre janvier et février 2017. Stefano Alaimo, Suisse Marocain, Rachele Cassetta et Ayumi Shibata proposent chacun des œuvres originales gravitant autour du thème de l’arbre et de la déforestation. Selon les informations recueillies, l’exposition durera deux à trois semaines, et va se conclure par une performance dans laquelle une grande forêt en papier découpé sera brûlée publiquement. « Feu de Brousse » s’inscrit dans le cadre de « Madagasy’Art », l’exposition malgachophile annuelle organisée chaque année à Paris. La thématique de cette année étant celle de la déforestation dans le monde, les quatre artistes proposeront une réflexion autour du thème de l’arbre, de sa disparition, de son absence. Un événement qui arrive à point nommé dans un contexte où le changement climatique est au centre des préoccupations de la population. La performance des artistes ayant le public comme toile de fond sera ensuite immortalisée et fera l’objet d’une exposition lors de la 6ème édition de l’événement « Madagasy’Art », à Paris au mois de juin prochain.
Un atelier de photographie inattendu
Encore un programme imprévu, l’artiste, à part ce projet d’exposition, projette également de donner un atelier de photographie. Ce sera pour ce dimanche à partir de 8h30 jusque dans la soirée dans les locaux du Cgm. Elle invite ainsi les passionnés de photographie, surtout de l’argentique à venir participer à l’événement qui sera totalement gratuit. « L’objectif de cet atelier est l’acquisition des différentes techniques argentiques en noir et blanc, au travers d’un programme technique, mais aussi de présentation d’œuvres. On apprendra également comment faire des belles photos suivant les normes avec un appareil photo argentique. On incitera les participants à se poser des questions avant la capture d’une image comme par exemple pourquoi prendre ce cliché, quel est le sujet, est-ce qu’on est assez près, d’autres sujets potentiels ou encore la lumière et les réglages sont-ils bons ? », continue Cassetta. Selon elle, l’utilisation d’un appareil photo argentique permet aux photographes de se concentrer, de bien faire sa mise au point et de ne pas se précipiter à shooter. Car il faut savoir que cet instrument, contrairement aux numériques, fonctionne de manière lente, c’est-à-dire qu’il faut attendre quelques minutes avant que l’image apparaisse. Le technicien n’aura donc pas le droit d’effacer la photo en cas d’échec, d’où ne pas se donner le droit à l’erreur. Pour l’occasion, l’artiste utilisera quelques décors comme des costumes, lumières ou encore des fonds. Chaque participant aura droit à l’utilisation d’un appareil photo argentique pour les pratiques.
Visite dans le Sud
Après cet atelier et le projet sur l’environnement, Cassetta Rachele mettra le cap vers le Sud de Madagascar. Etant donné qu’elle aime immortaliser son voyage, elle profitera de son déplacement pour prendre des photos de paysages, de la vie de la communauté dans le Sud de l’île ou encore photographier la culture des différentes régions et bien d’autres encore. A noter que durant son voyage à Antananarivo, elle a eu le plaisir de rencontrer le photographe malgache Pierrot Men. Une fierté pour elle d’avoir pu croiser et discuter d’un sujet qui leur passionne : la photo, avec ce célèbre nom du 8ème art malgache. « C’était un grand plaisir d’avoir pu lui parler, même si ça n’a pas duré longtemps. On a parlé entre autres de la photographie en général, de son voyage et de notre projet qu’il a particulièrement adoré », conclut Cassetta. Une chose est sûre, cette artiste parlera de Madagascar lorsqu’elle retournera à Paris. Apparemment, c’était finalement un beau voyage inespéré qui commence bien et qui finira sûrement bien.
Dossier réalisé par Tahiana Andrianiaina