Les Suisses se privent d’immigrés – Bruxelles les prive d’Erasmus
Les négociations sur la participation des universités helvétiques au programme Erasmus ont été suspendues ce lundi par la Commission européenne. Pas de libre circulation, pas dErasmus! C’est le message que vient d’adresser l’Union européenne, par la voix du porte-parole de la Commission, à la Suisse. « Vu les circonstances et l’absence de signal politique clair jusqu’à présent, les prochaines négociations ont été suspendues » a expliqué Joe Hennon. A l’origine de cette volte-face européenne, non seulement l’approbation par les électeurs suisses du référendum demandant l’introduction de quotas sur l’immigration, mais aussi le refus par le gouvernement fédéral d’ouvrir son marché aux travailleurs croates. Par mesure de rétorsion, Bruxelles vient donc de geler les négociations sur la participation suisse aux programmes Horizon 2020 et Erasmus+. Alors que la Suisse et l’Union Européenne négociaient un nouveau cadre bilatéral pour la poursuite de ces accords sur la période 2014-2020, la situation est figée et pourrait prendre effet dès la rentrée universitaire prochaine!
Qui est concerné ?
Le nombre d’étudiants pénalisés par cette sanction n’est pas ridicule. En 2011, 2.612 jeunes Suisses étaient inscrits, au titre des accords Erasmus, dans une université de l’Union européenne. 70% d’entre eux ayant opté pour un établissement français, allemand ou espagnol. La mesure toucherait également les Européens tentés par l’excellence du système universitaire helvétique. On en recensait 2.673 en 2011, soit un peu plus de 1% des étudiants européens inscrits dans ce programme d’échanges ouvert aujourd’hui à 33 pays. Pour mémoire, 4 universités suisses figurent dans le top 100 du fameux classement de Shanghai (Ecole polytechnique fédérale de Zurich, 20ème, Université de Zurich 59ème, Université de Genève 69ème, Université de Bâle 83ème).
« C’est une nouvelle catastrophique »
De son côté, le Times Higher Education vient de publier un classement mondial des universités les plus internationales, permettant ainsi de mesurer quels établissements bénéficient le mieux de la mondialisation. Or la Suisse place quatre universités dans le top-10 des universités les plus cosmopolites. Ainsi parmi les étudiants inscrits à l’Université de Genève, 30% sont des étrangers. Quant à l’Université de Lugano (USI), qui, elle, ne figure pas au classement THE, elle ne compte que 33% d’étudiants suisses. La présidente de la commission de la science et de l’éducation du Conseil des Etats de la Confédération ne cache d’ailleurs pas son inquiétude: « La Suisse reçoit aujourd’hui beaucoup plus qu’elle ne donne. C’est une nouvelle catastrophique ».