Faute de discipline
Le Malgache n’est pas connu pour être le plus grand discipliné du monde et la notion de règle ou de loi est chez nous, pour le plus grand nombre, un concept tout à fait étranger. Très voire trop loin derrière les Japonais ou encore les Allemands, plus proche du genre meute, seul le pouvoir est craint par les malgaches. Et seul celui qui possède l’autorité, la chose que confère le pouvoir, est respecté. C’est celui-là qui impose et dispose comme il l’entend, comme il le souhaite. Et cela vaut peu importe le contexte, que ce soit dans la rue ou dans les bureaux administratifs. Que ce soit dans les bars ou dans les salons privés. A titre d’exemple, nous citerons tout simplement le chauffeur en infraction qui va glisser un petit billet de X Ariary dans ses papiers. Ce billet aura autorité sur le policier censé verbaliser le conducteur pour l’infraction afin que celui-ci se conforme aux règles. Ainsi, passant outre la discipline et la loi qui veut que le chauffeur écope par exemple d’une amende, le responsable le laissera avec une « bonne journée à vous » pour seule punition. Un autre exemple qui fera bien entendre qu’on est à Madagascar et cette simple formule : « Tsy fantatrao hoe iza aho ? » soit littéralement « Tu ne sais pas qui je suis ? » Sans y aller par quatre chemins, cela veut tout simplement dire « je peux t’en faire voir de toutes les couleurs ». Pour ainsi dire que la loi ne va jamais lui être appliquée, et que l’autorité lui appartient. Le principe qui veut que la loi s’applique à tous n’est plus que l’argument des faibles n’ayant le pouvoir sur rien.
Pourtant, dans les pays développés, les règles sont essentielles et ce sont celles-ci qui ont permis à ces pays leur développement, garantissant jusqu’à ce jour leur stabilité. Aussi, tout près de nous, sur l’île de La Réunion, un motard s’est fait arrêter pour excès de vitesse, sa moto toute neuve fut confisquée par l’Etat et lui s’est retrouvé devant le juge. Sur une île largement plus grande que La Réunion, les excès de vitesse sont devenus ordinaires. Que ce soit les motos, les véhicules particuliers, les véhicules de transport public et en tête de liste les voitures d’ « Autorités » qui se sont arrogées le titre de véhicules prioritaires. Et pourtant, cette petite motte de terre qui importe des rochers malgaches pour se construire la « route du littoral » n’est pas encore à considérer comme développée. En France, plus précisément à Grenoble, nous avons rapporté dans notre édition d’hier que les véhicules immatriculés avant 1997 y seront interdits dorénavant. Connaitront également le même sort les poids lourds antérieurs à 2001 et les deux roues d’avant l’an 2000. La raison en est que la pollution persiste dans la métropole et la décision s’appliquera dans les 49 communes grenobloises. Paris et Lyon ont décidé d’en faire autant. On n’imagine pas l’impact que ce genre de décision aurait à Antananarivo et encore moins si elle était appliquée dans toute la Grande île. D’un côté, il y aurait presque 75% des voitures ou plus qui ne pourront plus prendre la route. De l’autre, il y aurait des manifs de contestation partout, qui pourraient mener à la chute d’un régime même. Un autre fait plus pertinent concerne l’accession de Donald Trump à la Maison Blanche alors que presque 3 millions d’électeurs ont voté pour Hillary Clinton. Dans les pays qui se veulent être démocratiques, 3 millions d’électeurs en plus signifierait incontestablement la victoire d’Hillary. Sauf que le système électoral a donné comme vainqueur Trump. Et malgré les manifestations en tout genre, les marches de contestation dans le monde entier, le nouveau Président des Usa a pu prêter serment et est devenu le 45ème Président élu des Etats-Unis d’Amérique.
Dans ces faits qui ont été cités, la discipline y est pour beaucoup, et dans la réussite des pays riches c’est également le cas. Un pays qui n’est gouverné par aucune loi et où la seule force qui prévaut est celle de l’autorité ne peut aller bien loin et risque de disparaître un beau jour, tôt ou tard. Dans ceux où aucune règle n’est suivie par personne, où l’on pisse partout où on veut, où l’on jette les ordures par terre ou encore là où on s’accroche à un siège juste pour des avantages, il n’y a pas d’avenir. A nous donc de réagir et de faire que notre pays ait un avenir, ou du moins que nos enfants puissent en espérer un. Et faute de discipline et ce, de nos aînés, de nos collègues ou de nos dirigeants, faisons au moins preuve de rigueur dans ce que nous entreprenons.
Ny Aina Rahaga