Ce phénomène s’est de plus en plus répandu à Madagascar. D’un côté,  tout porte à penser qu’il s’agit là de la manifestation du ras- le -bol de la population quant à l’inertie du régime face aux problèmes d’insécurité qui touchent toutes les régions de Madagascar. Mais d’un autre côté, c’est aussi la projection de la colère engrangée à cause des problèmes du quotidien que les habitants de l’île doivent affronter, et qui cherchent alors un bouc émissaire. Quoi qu’il en soit, il ne se passe plus une semaine sans qu’on n’entende parler de lynchage. Le plus récent remonte au 23 janvier dernier, dans le district de Manakara, plus précisément à Mikapy, commune rurale d’Antamponanjeva. Vers 4 heures du matin, la population a arrêté deux individus qui avaient essayé de dérober 1 kg de vanille. Ce n’est qu’un crime mineur en soi, qui ne justifie largement pas le sort qui leur a été réservé. Mais ce qui a le plus énervé la foule c’est que ces individus, connus sous le nom de Maro et Pocle, sont des récidivistes arrêtés pour le même crime et qui doivent encore purger une peine de prison à la Maison centrale de Manakara. La centaine de personnes qui étaient réunies ont alors décidé de faire en sorte que ces voleurs ne recommencent plus leurs méfaits. Au lieu d’un tribunal, qui les enverrait en prison pour qu’ils en sortent quelques jours plus tard, le tribunal populaire a décidé de la peine capitale. Ainsi, ils furent roués de coups de bâton et de jets de pierre jusqu’à ce que mort s’ensuive. Seulement quelques heures plus tard, des gendarmes venus du poste avancé d’Ampasimanjeva sont descendus sur place pour mener une enquête, mais en vain. Aucune personne n’a daigné donner les noms des responsables de cette vindicte populaire, par solidarité mais surtout par peur de subir le même sort. Et en même temps, on ne peut pas mettre tout un village sous les barreaux.

Ny Tsiky R.