Virage à 180°
Copier coller, c’est là une chose que la génération actuelle ou tout simplement les contemporains de l’ère de la technologie connaissent bien. Et à Madagascar, il semblerait que la connaissance de ces choses soit plus profonde qu’ailleurs. Si tant est qu’on puisse parler de connaissance dans ce cas là. Dans tous les domaines, partout où on va, partout où on est, tout est pareil, à croire que tout le monde a eu la même idée, le même réflexe au même moment. Que ce soit dans le quotidien ou sur les réseaux sociaux et même dans les toilettes, tout le monde commence à faire les mêmes choses. Bien évidemment, on ne parle pas ici de la petite ou la grosse commission dans les toilettes, ou la façon de marcher dans la rue et encore moins du fait d’utiliser les réseaux sociaux dans un but de développement personnel. Mais de cette manie naissante des malgaches et surtout des jeunes de ne plus rien rechercher et d’attendre que tout tombe du ciel, que tout se réalise d’un seul claquement de doigts, que tout cuit dans la bouche comme on dit.
Lors des salons de l’emploi ou autres salons organisés par ceux qui ont encore de l’initiative, on se presse à ramener son CV, faisant la queue pour payer un droit d’entrée dans l’espoir de trouver un travail. Et les files d’attente sont longues car désormais, même avec un diplôme d’études supérieures en poche, on peut se retrouver jeune chômeur. La raison principale évoquée est qu’il n’y a plus de création d’emplois. La question se pose alors de savoir qui est-ce qui crée les emplois ? Car de là, on comprendra peut-être pourquoi il n’y en a pas. Sauf qu’il n’est nul besoin de savoir qui en crée car tout le monde peut en créer. Tout simplement, personne n’en a l’initiative, tout le monde se complait à faire ce qui existe déjà. Les réseaux sociaux peuvent en témoigner. Ceci à travers le boom des pages et groupes de ventes en ligne sur Facebook par exemple. Au départ, il y en a sûrement un ou une qui en a eu l’idée. Et peu de temps après, voyant que le truc marche, tout le monde s’y est mis. Actuellement, il n’y a rien d’étonnant à ce qu’aucune nouvelle offre ne se présente et que les clients commencent à s’épuiser petit à petit. Dans les toilettes, si auparavant on devait y rester durant une certaine durée, on avait l’habitude de lire des livres ou du moins la presse. Aujourd’hui, plus personne ne peut aller aux toilettes sans smartphones et sans la connexion internet. Au même endroit, la plupart des jeunes de notre temps y vont pour se placer devant le miroir. Le résultat est le même, il n’y en a aucun ou du moins peu qui ont des initiatives ou des étincelles pour évoluer en mieux. Tout au contraire, bon nombre d’entre nous se plaisent à poster selfies sur selfies via Instagram, Facebook et autant d’autres plates-formes. Les descriptions du genre « Je ne travaille pas, je suis une princesse » remplissent les fils d’actualité et par relation des méninges des « avenirs du pays ».
Le quotidien des jeunes malgaches semble être devenu un éternel recommencement, un genre de copier-coller de ce qui existe déjà ou de ce qui vient tout simplement de l’extérieur. Et la majorité d’entre eux en font de ce copier-coller un vrai mode de vie. A titre d’information, 500 000 jeunes diplômés se retrouvent chaque année sur le marché de l’emploi. Avec ces 500 000 jeunes pour qui il n’y a que 500 postes au maximum à pourvoir, le copier-coller ne va mener le pays nulle part. Nous sommes dans notre situation actuelle grâce à tout ce qui existe déjà. Que ce soit le cadre politique, social, économique, tout était déjà là depuis des années et rien n’a changé. Ce qui prouve une fois encore que copier ce qui est là ne servira strictement à rien et nous mènera encore plus au fond du gouffre. Si réellement le développement du pays et le bien-être de tous les malgaches tient à cœur, il va falloir envisager un virage à 180 degrés. Dans le cas contraire, n’espérons aucun changement et continuons cette routine, ce manque cruel d’inventivité et de réaction qui semble nous tenir à cœur.
Ny Aina Rahaga