Sylvain Rabetsaroana – « Madagascar, proie facile des grands prédateurs »
L’ancien sénateur de Madagascar a tenu une conférence de presse hier et n’a pas mâché ses mots à l’endroit des actuels tenants du pouvoir. Le récent rapport de l’Ipc, la mauvaise gouvernance constatée, les mauvais choix des partenaires ainsi que la braderie des richesses nationales sont autant de sujets passés en revue par Sylvain Rabetsaroana.
Pour le conseiller supérieur de la transition, Madagascar est actuellement un pays où règnent la corruption et l’impunité et effectivement, Transparency International l’a bel est bien confirmé avant-hier lorsque cette organisation a sorti l’indice de la perception de la corruption pour l’année dernière. Le recul de 22 places pour se retrouver à la 145ème place sur les 176 pays répertoriés alors que l’année d’avant, on était encore à la 123ème place, traduit nettement la propagation de ce fléau dans tous les secteurs de l’administration publique. Pour les observateurs, le pire exemple à citer est le refus par deux fois d’un membre du cabinet du président de la république de répondre à la convocation du bureau indépendant anti-corruption sur une affaire judiciaire le concernant. Ainsi, l’impunité s’ajoute à la corruption, selon Sylvain Rabetsaroana et par conséquent, Madagascar est devenu « la proie facile des grands prédateurs et des vrais compradors » ! Evidemment, ces gens ne sont pas venus de loin pour uniquement admirer le paysage 5 étoiles de la Grande île mais surtout pour se faire du … blé. Cette arrivée en masse de gens indésirables qui, déjà, ne rapporteront rien au pays, inquiètent la population alors que des consignes ont été donnés aux aéroports internationaux de faciliter leur entrée.
Développement réel
« Même si un peu plus tard, d’autres injonctions ont été émises pour les identifier et les recenser, c’était déjà trop tard. Actuellement, le pays est complètement bradé », a déclaré l’ancien sénateur. Selon toujours l’exposé de Sylvain Rabetsaroana, on assiste à la « braderie de nos îles, des trois-quarts des plages d’une longueur de 5 000 km, mais aussi aux exploitations sauvages des grandes mines dans le nord et la côte-est ». Et les contrats et conventions passés avec ces opérateurs étrangers sont, bien sûr, bien cachés du public, d’où les comportements scandaleux de ces derniers vis-à-vis de la population locale. Dans de nombreux cas, ces étrangers font même appel aux forces de l’ordre malgaches qui eux à leur tour, n’hésitent pas à utiliser leurs armes contre les habitants. « Le régime actuel n’est pas très regardants sur le choix des partenaires et tous constatent que depuis un certain, Madagascar s’éloigne des bailleurs de fonds traditionnels ainsi que de nos habituels partenaires techniques et financiers », a précisé l’ancien sénateur de la république. Pour ce dernier mais aussi pour les 92% de la population, la question se pose si les dirigeants actuels pensent vraiment au développement réel de Madagascar et au bien du peuple malagasy. « En tout cas, force est constater que les tenants du pouvoir ne sont pas capables d’obtenir un partenariat win-win avec ceux qui se définissent être des investisseurs », a conclu Sylvain Rabetsaroana.
J.L.R