Que des mauvaises nouvelles !
De nombreux quotidiens de la place ont fait le bilan des trois années de pouvoir de Hery Rajaonarimampianina la semaine dernière. Il faut dire que l’anniversaire ne peut être passé sous silence d’autant que la situation va de mal en pis dans le pays. Beaucoup ont pensé que le passage de Recep Tayyip Erdogan à Madagascar, et ce, entrant dans la deuxième tournée africaine du président turc, aurait pu permettre d’oublier, pour un petit moment, la vie plus que difficile des Malgaches, mais finalement, personne n’a rien vu, ni rien remarqué. Et même pas sa proposition d’aides d’une valeur de 60 millions de dollars qui n’est qu’une goutte d’eau par rapport au soutien financier de l’ordre de 2 milliards de dollars reçus d’Angela Merkel et de l’Union européenne pour gérer aux frontières turques les réfugiés de la Syrie, de l’Irak et du Moyen-Orient en général. En tout cas, la réponse du président malgache n’a sûrement pas du tout plu à l’homme fort d’Ankara. Bref, sa venue n’a rien apporté pour Madagascar, si d’ailleurs, l’autre conclave entre opérateurs économiques turcs et malgaches n’est finalement qu’une simple réunion de prise de contact.
Ainsi, les difficultés prennent une proportion de plus en en plus grande dans la vie des Malgaches qui, selon les dernières estimations, sont au nombre de 25 millions actuellement. Une chose est sûre, l’autre proportion de 92% de la population vivant au-dessous du seuil de pauvreté n’a pas régressé, bien au contraire. Par conséquent, nous sommes 23 millions d’extrêmes pauvres à Madagascar vivant avec un délestage quotidien, de jour comme de nuit, un problème d’accès à l’eau potable et aussi à l’eau tout court même durant la saison des pluies. Et, entre autres, une insécurité tout aussi permanente tant en milieu urbain que rural. On dit que la très grande majorité de cette population est composée de jeunes qui, effectivement, n’ont pas d’emploi puisque l’Etat est incapable d’en créer. Une donnée qui vient d’être connue de tous la semaine dernière est que le pays produit 500 000 diplômés chaque année. Dans un futur proche, on atteindra le seuil de plus de 10 millions de jeunes diplômés mais qui sont au … chômage. Et par rapport à cela, Madagascar ne compte que moins de 200 000 fonctionnaires qui prennent largement la moitié du budget de fonctionnement de l’administration publique ! Pour cette année, cette dernière compte bien recruter un peu plus de 13 000 personnes dont les trois-quarts seront destinés pour le Ministère de l’éducation nationale. Rien que pour 2017 donc, et si tous ces jeunes ont embrassé la carrière d’enseignant, ils seront 487 000 jeunes diplômés à se retrouver sur le … carreau. Il faut savoir aussi que le secteur privé à Madagascar se trouve, lui aussi, dans un état déplorable et, par conséquent, dans l’impossibilité et dans l’incapacité de recruter. C’est bien le cas de le dire et tous les secteurs d’activité sont concernés. Pour l’agriculture d’abord, son développement est une utopie puisqu’elle utilise des moyens ancestraux. D’ailleurs, les bonnes terres bien fertiles ont déjà été prises par certaines autorités ou carrément vendues aux étrangers. D’un autre côté, les stratégies élaborées jusqu’ici n’ont jamais pu faire décoller ce secteur. L’autosuffisance alimentaire n’est que du baratin et, pour cette année, on sait que les 80% du riz nécessaire à la consommation des Malgaches seront importés. Pour l’élevage, ce n’est même pas la peine d’y penser puisque les dahalo font la loi partout dans le pays. C’est aussi le cas du secteur secondaire : il n’existe presque plus à part les zones franches qui sont uniquement localisées dans la capitale et dans la deuxième ville de la province d’Antananarivo. Mais bientôt, elles vont aussi fermer leurs portes puisqu’à l’allure où vont les décisions aux Etats-Unis, Donald Trump va fermer aussi les portes de l’Agoa. Pour le service, puis l’informatique et les nouvelles technologies, cela bouillonne bien mais on sait aussi que ce sont les secteurs … « vache à lait » du fisc si actuellement, on n’y gagne plus grand-chose. Et oui, faute de travail, tout le monde devient des marchands : à la sauvette ou illicite. Et si parfois, certains veulent bien suivre les règles et les lois, revoilà l’Etat à travers des impôts à ne plus en finir.
Bref, le bilan de ces trois années au pouvoir est tellement négatif qu’effectivement, les quotidiens de la place ne peuvent passer l’anniversaire sous silence.
J.L.R