Lettre ouverte… A qui veut prêter l’oreille
L’hécatombe sur la Rn3 était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Cette tragédie qui avait fait 47 morts dont 10 enfants de moins de 10 ans a été l’accident de trop ! Suite aux divers phénomènes que la population malgache a vécus depuis quelques années, l’heure n’est plus aux lamentations mais de trouver une solution au problème. En effet, l’on ne compte plus les accidents de la route, les attaques de bandits, les vindictes populaires qui se sont enchaînés, les heures de délestage qui ont empiré. Et tout, ce que l’on retient jusqu’à présent, c’est le silence assourdissant des membres du gouvernement malgache.
« Chères autorités malgaches
Je m’adresse particulièrement à vous aujourd’hui pour vous dire à quel point nous sommes à bout. Ces dernières années n’ont été que calvaire et misère sans aucune lumière pour nous en sortir. VOUS êtes censées être cette lumière, VOUS êtes censées être notre pilier dans ce pays que nous chérissons tant. Pourtant voyez par vous-même, les choses ne font qu’empirer à Madagascar. Nous vivons dans le noir du délestage, dans la peur des bandits, la peur des accidents de la route, l’injustice de votre administration, et j’en passe. Cela a été un véritable choc d’apprendre la tragédie que cette famille entière a vécue à Anjozorobe samedi dernier. 47 morts et 24 blessés en tout, c’est un bilan qui donne matière à réflexion quand même. Pourtant, ce n’est pas le premier accident déclaré à Madagascar, ni le premier à se dérouler dans les mêmes circonstances, et ce ne sera pas le dernier non plus tant que les responsables n’auront pas pris des mesures sévères à l’encontre des conducteurs imprudents et indisciplinés.La population malgache a toujours été pauvre, il ne faut pas le nier. Sinon cette famille n’aurait pas été obligée de prendre un camion pour le voyage, et cette tragédie n’aurait pas lieu d’être. Il faut savoir que les véhicules de transport en commun ne sont pas suffisants dans cette partie de l’île. De même que les gendarmes qui assurent la sécurité des habitants de la région. Des petits tabourets sont expressément mis en place dans ces voitures pour accueillir autant de monde que possible. Et quand c’est l’heure du déjeuner, tout le monde se presse pour ne pas finir d’être oublié par le chauffeur. Il n’y a pas de klaxon pour dire que c’est le moment de partir comme à Vatsy ou Cotisse. Non. On se précipite dans le camion dès que le conducteur a posé sa cuillère et sa fourchette. Nous n’avons pas nous le loisir de voyager en « Premium », en « VIP » ou même par la voie des airs comme vous ! Actuellement même le prix du riz a augmenté. Qu’allons-nous manger d’ici quelques années ? Pour parler franchement, nous sommes fatigués de cette souffrance permanente qui habite notre quotidien. Vous voulez augmenter les frais de transport des taxibe mais rendez vous compte seulement du calvaire que chaque passager doit vivre en prenant le bus ? Les chaises sont en piteux état et certains doivent même s’asseoir sur des bouts de bois qu’ils appellent « strapontins ». Les autres sont parfois dans l’obligation de rester debout à l’arrière des sprinter s’ils veulent rentrer chez eux. Cela au risque de se blesser en tombant dans la rue. Les taxis sont trop chers pour être à la portée de tous voyez-vous. Au cœur de tout cela, les voleurs à la tire et cambrioleurs nous gâchent la vie chaque jour. Il est loin le temps où nous pouvions porter nos bijoux en or sans l’inquiétude permanente de se faire attaquer en cours de route.
Vous nous avez promis ciel et terre lors de votre élection, nous vous avons accordé notre pleine confiance. Comment pouvez-vous seulement dormir le soir en sachant que votre peuple meurt de faim et d’insécurité chaque jour ? Comment, vous les autorités de ce pays, pouvez-vous être sereines en voyant ces gens réclamer haut et fort et avec brutalité la mort de leur semblable ? Comment faites-vous parce que moi je n’y arrive pas. Lorsque je ferme les yeux, je vois les petits mendiants dans les rues d’Analakely ou devant chaque grande surface de la ville. Je vois les accidents mortels qui ont lieu presque tous les jours. Je vois les habitants du sud qui deviennent de plus en plus squelettiques. Je vois la misère à l’apogée de sa forme. Et par dessus tout je ne vois plus de futur positif pour ce pays qui est le nôtre… Mais nous ne pouvons que vous remercier après tout. Merci pour ces trois années de larmes et de lamentations. Merci pour ces minces efforts que vous avez essayés de nous donner. Et pour toutes ces promesses que vous n’avez pas su tenir.
Bien à vous, un malagasy qui a perdu tout espoir. »
Dossier réalisé par Zafy Tia