Qui fait quoi ?
Les premiers mois de l’année sont toujours déterminants et servent à 75% de base pour tout le reste. Que ce soit sur le plan individuel ou sur le plan communautaire. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que tout le monde élabore les « résolutions de l’année » le jour de l’an même. Plus en profondeur, l’Administration et tous ses démembrements élaborent de leur côté des plans d’action annuel. Idem pour les organisations non-gouvernementales ou encore pour les clubs et organisations de la Société civile. Et on se dit que l’on essayera d’ici la fin de l’année à atteindre au moins la moitié de ces objectifs. Si le succès est au rendez-vous dans les trois premiers mois, le premier trimestre, l’on sera encore plus motivé et déterminé à aller jusqu’au bout. Dans le cas contraire, la déception minera sans doute le reste de l’année, l’énergie aura disparu ou du moins se sera dissipé.
A titre d’exemple, on le sait tous et ça peut se vérifier aisément, le mois de janvier est une vraie farce pour les salles d’entraînement. Les gens s’abonnent au gym après avoir pris 6 à 7 kilos en se bourrant de chocolat, de volailles et de tout autres sortes d’aliments à des fêtes familiales qui se succèdent. Donc ils sont « motivés » à se mettre en forme. Les centres sportifs sont pleins à craquer, puis arrivés début février, au mieux, les représentants du « dad bod » comme on dit dans la langue de Shakespeare retournent à leur routine et ce malgré l’abonnement de 12 mois qu’ils continuent de payer. Cet exemple peut être adapté à la vie d’une Nation ou d’une simple association. Tout le monde annonce en grande pompe le programme de l’année, les objectifs à atteindre et les moyens pour y arriver. Certains démarrent en trombe et après quelques semaines ralentissent pour terminer avec rien. D’autres, plus mature, avancent sereinement, consciencieusement et sûrement. Puis arrivent à tenir jusqu’à la fin avec un résultat satisfaisant.
L’un des points les plus positifs du début d’année est le bilan que l’on fait ou que l’on peut faire. A l’occasion de la rétrospective annuelle. Une occasion unique de mettre en valeur ce qui a bien marché et ce qui a moins bien marché. Cela permet de faire le point de manière régulière sur les méthodes de travail qui ont été adoptées et surtout l’organisation mise en place. Aussi, tous les points essentiels doivent être revus. Actuellement, les autorités étatiques procèdent à ce bilan et il en ressort que l’année précédente a juste été nulle en réalisation. Lorsqu’on assiste à des inaugurations de bornes-fontaines par les plus hauts dignitaires du pays, on se demande s’il n’y a plus rien à faire dans ce pays. Et pourtant, tout reste à faire. Quand l’Etat revoit ses méthodes de fonctionnement qui n’ont eu aucun résultat et décide quand même de poursuivre sur ce chemin, on se dit que ça finira comme la gym. En parallèle, ce sont les associations et la société civile qui bougent pour faire évoluer, ne serait-ce qu’un peu la situation. De nombreuses associations se sont créées, non pas à but politique mais simplement par souci des autres à qui la politique a enlevé toute chance et tout espoir. On voit entre autres Teach For Madagascar connu pour ses actions dans l’éducation des enfants de la rue. Ou encore la Communauté Sant’Egidio moins connue, certes, mais non moins active qui essaie de se rapprocher des plus marginalisés. En parallèle, des tas de projets sociaux bénéficient de l’attention particulière des bailleurs et partenaires de Madagascar.
Si les représentants du régime donnent l’impression de bouger dans tous les sens et cherchent à montrer qu’ils s’attaquent à tous les fronts qui existent, les autres ont décidé d’agir pour de vrai. On s’attaque au délestage, à la montée du frais de bus, on importe du riz par milliers de tonnes du côté étatique. Pourtant, on a encore 8 heures de délestage par jour, le kilo de riz monte à presque 2000 Ariary et L’Union des coopératives de transport urbain se fout complètement de la gueule de l’Agence du transport terrestre. En face, on a au moins des centaines d’enfants en plus qui sont instruits grâce à un effort collectif, d’autres qui retrouvent la foi en l’humanité. Aussi se demande-t-on qui est censé faire quoi dans ce pays ? Et qui fait quoi en réalité.
Ny Aina Rahaga