Période des cendres
La période n’est vraiment pas propice aux réjouissances. On dirait que le temps lui-même s’est mis de la partie, le ciel maussade, la température en baisse. Les gens parlent d’un hiver austral précoce. Un temps de saison qui se met au diapason du climat politique. La petite lueur d’espoir que la tenue des élections avait à grand mal esquissée a vite fait de s’éteindre, la classe politique s’amuse. La population ne cherche même plus à comprendre ni à percer les raisons de cette chamaillerie dans la bataille de Mahazoarivo. Des raisons profondes personne ne doute, de la manière personne ne se doutait sérieusement que l’on descendrait si bas. Le spectacle qu’offrent les représentants du peuple ne prête pas davantage à l’optimisme. Si Tsimbazaza devait être le miroir qui renvoie au peuple son reflet, nombreux ne se réclameraient plus d’appartenir au peuple, et hésiteraient à parler en son nom et à entonner le poncif : « izahay vahoaka ». Tsimbazaza inquiète. L’inconscience, l’insouciance et l’inconsistance d’une majorité de ceux qui y siègent donnent la vague à l’âme, certains se prennent au sérieux ne sachant même plus prendre la mesure du sérieux de la gravité que présente la situation. On dirait que de leur point de vue tout baigne et que eux représentent la solution, alors que le public s’est fait à la religion qu’ils ne sont que les figurants à servir de décor et de faire-valoir. Ils sont contents, et pour marquer leur satisfaction dans ce rôle de lever la main quand on le leur demande, ils en réclament les récompenses, jamais ils n’ont coûté aussi cher à leur mentor respectif et il semble même que certains petits menteurs ont su avoir une sucette d’un côté après avoir avalé un gros morceau de chocolat de l’autre. C’est la seule explication à ces chiffres qui semblent trafiqués lorsque l’on additionne au nombre de signatures qu’avance un camp, le nombre de votants que présente le camp d’en face. Ubuesque un total de 160 et plus alors que la Cour Spéciale a publié une liste de 147 élus ! Nombreux s’impatientent d’avoir leur joujou (la 4X4 pardi ! Leur bâton de maréchal). C’est vrai que la Présidente elle-même dans son premier laïus lors de son accession à ce poste, n’a pas manqué de rassurer ses collègues quant à la prochaine arrivée de papa Noël la hotte chargée de joujoux. On a cru rêver, on dirait que l’on vit deux mondes différents, avec des périodes différentes, celui de l’abondance qui sonne déjà les cloches de Pâques, et une majorité en période de restriction pour celle-ci c’est toujours carême. On devrait faire retourner les premiers dans la case qu’ils ont sautée, celle du Mercredi où on les couvrirait de cendres.
Léon Razafitrimo