Culture de médisance !
On est tout simplement ahuri par l’étendue des dégâts !
De très nombreuses personnes, bien civilisées et vivant réellement dans leur temps, ne sont pas adeptes de facebook ou l’ont été mais l’ont abandonné très vite face aux dérives déjà constatées dans le temps. C’est bien le cas de votre serviteur qui, vers la fin de la décennie 2000, avait bel et bien un compte facebook mais au bout de quelques mois d’utilisation, ce livre ouvert au monde entier, à tous les regards et à tous les esprits, a déjà été utilisé pour dénigrer, calomnier, accuser ou encore se vanter. C’est pour dire que très vite, le réseau a été détourné de sa mission principale : socialiser ! Faut-il rappeler que dans nos années d’études primaires et secondaires, nos instituteurs et professeurs insistaient sur les valeurs du respect, de la politesse, de la courtoisie, et entre autres de la civilité. Mieux pour les écoles confessionnelles notamment catholiques où l’on y enseignait d’autres valeurs comme le pardon, l’indulgence, la clémence, la bonté mais aussi le partage, et entre autres la charité. En aucun cas, on n’expliquait la médisance, la diffamation, la souillure, l’attaque, ou la délation et que ce sont des principes à véhiculer. Et pourtant, de nombreux groupes malgaches de ce réseau, composés d’habitants de la Grande île et d’une partie de la diaspora malgache dans quelques pays européens, n’ont d’autres activités que d’inciter leurs membres à la haine et à porter atteinte à l’intégrité d’autrui. Du coup, les attaques, les agressions, les insultes, les injures, les offenses, les invectives, les outrages, les vexations, les humiliations, et les affronts fusent de partout sans aucune retenue. Pour ce groupe de 70 000 adhérents, on ne peut hésiter de dire que c’est tout simplement un massacre, un carnage, une boucherie et un assassinat. Pour beaucoup aussi, c’est la vindicte, presque populaire puisque c’est virtuel, et la liste est bien longue. Faut-il rappeler aussi qu’il faut seulement 200 Ariary pour se connecter à facebook. En passant pour la justice populaire, il n’y a plus une ville qui n’en est épargnée et rien que pour le mois de décembre dernier ainsi que et la première semaine de 2017, on en a enregistré plusieurs. Le problème de confiance entre la Justice et les forces de l’ordre, d’une part, et la population d’autre part en serait la source. Si d’un autre côté, les gens en ont marre de ceux qui s’estiment être au-dessus de la loi ! Et ce n’est pas encore près de s’arranger avec la nouvelle classification donnée par Transparency International – un recul de 22 places – pour Madagascar et pour l’année 2016.
Mais cette fois-ci, beaucoup diront aussi que les membres sont plus malins que les administrateurs puisque les premiers se sont bien cachés derrière des noms fantaisistes et des photos d’animaux ou de végétaux alors que les seconds sont connus de tous, par conséquent des forces de l’ordre aussi. Et cela ne peut aussi traduire l’esprit de lâcheté des membres qui animent bien le réseau mais dès la première convocation de la police, ils rasent les murs tout en se murant dans le silence puisque les publications incendiaires se sont désormais faites au compte-gouttes. D’ailleurs, ces derniers ont tellement brillé par leur absence lors de la présentation au Parquet d’Antananarivo du premier administrateur du compte, si pour les deux autres, ils sont devenus des … « wanted » ! Ce jour, les observateurs ont imaginé un moment que le Tribunal d’Anosy sera noir de monde – 70 000 membres quand même – mais c’était loin d’être le cas et les mauvaises langues parlent même d’un désert – et celui qui a été pris, s’est retrouvé tout seul, sans soutien, pour affronter le passage dans « l’antichambre de la prison » ! C’est un peu le cas de le dire puisque désormais, on n’a plus son destin entre ses mains mais entre celles des magistrats. Bref, l’homme, qui plus est une célébrité comme toutes les victimes de son groupe, était abandonné de ses coéquipiers et de son groupe composé d’une brigade de plusieurs dizaines de milliers d’hommes et de femmes. Seuls, sa famille et quelques amis l’ont accompagné au Parquet, et par la suite, à sa demeure du moment qu’est la prison d’Antanimora. Finalement, l’excessive et abusive liberté prise par le groupe « fifosana » a fini par priver de liberté son administrateur. Mais les observateurs doutent à ce que cette décision judiciaire mettra un coup d’arrêt final à cette dérive vers la culture de la médisance des facebookers. Beaucoup diront même que maintenant, il faudra des années d’éducation et d’enseignement pour que le comportement change réellement. C’est comme la démocratie dans notre pays.
Jean Luc RAHAGA