Cua et marchands ambulants – Place à la discussion
La commune urbaine d’Antananarivo n’aura jamais eu une aussi mauvaise relation avec les marchands ambulants que durant ce mandat de madame le maire Lalao Ravalomanana. Il y a quelques mois, pour rappel, le passage à tabac d’un militaire et époux d’une marchande enceinte avait défrayé la chronique.
Cela a même failli virer au drame lorsque les frères d’armes de ce soldat ont pris d’assaut l’Hôtel de ville le soir même des faits. Quoi qu’il en soit, la Cua s’est en tout temps appliquée à chasser ces marchands ambulants de leur lieu de travail, à savoir Behoririka, Analakely et Soarano. Durant la tenue du Sommet de la Francophonie, les tensions étaient encore plus palpables quand Lalao Ravalomanana et consorts voulaient gagner les bonnes grâces du gouvernement et faisaient tout pour cacher la misère qui mine la Ville des milles. A un moment donné, les policiers communaux étaient si détestés de la population qu’ils furent remplacés temporairement par des milices à ces endroits-là. Et dernièrement, les habitants criaient à l’injustice quand madame le maire a fermé l’avenue de l’indépendance pour y installer des stands de vente alors qu’elle interdisait aux marchands de Behoririka de travailler, et ce durant les fêtes de fin d’année.
Aux petits soins
Durant l’après-midi d’hier, le maire et ses proches collègues ont reçu les marchands ambulants à l’Hôtel de ville à Analakely. L’objet de cette réunion : trouver un terrain d’entente concernant la très probable délocalisation de ces vendeurs. En l’espace de quelques minutes, ces derniers ont pu exprimer leurs attentes et leurs revendications. Ensuite, c’est au tour du maire de prendre la parole. A elle d’insister sur le fait que des changements devaient être effectués, que ce qui doit se faire va être fait dans le respect de la loi. Cette dernière a également déclaré qu’en sa qualité de capitale, Antananarivo doit être un modèle de développement. Pour tout cela, un comité représentant ces marchands ambulants doit et va être mis sur pied dans les plus brefs délais. Un comité qui sera le médiateur entre les deux parties dans toutes les négociations qui vont suivre. Intimidés, ces derniers n’ont eu d’autre choix que d’accepter les conditions imposées par les dirigeants de la commune. En même temps, il est facile d’imaginer que Lalao et son équipe seront aux petits soins avec ces marchands pour le simple fait que ce sont des électeurs potentiels compte tenu des suffrages qui vont arriver. En effet, ils sont des milliers et viennent tous des « zones populeures » plus communément appelées «bas quartier», et dans ces milieux plus qu’ailleurs, la politique de la tache d’huile fonctionne. Pour rappel, la ville d’Antananarivo a voté pour le Tim lors des dernières consultations populaires, mais cette stratégie suffira-t-elle pour regagner le cœur des tananariviens ? Quoi qu’il en soit, le peuple n’est pas dupe.
Feno Tsiky