Diaspora malgache en France – Entre désintérêt et déracinement
Madagascar, éternelle terre d’avenir. Mais malheureusement une terre où l’avenir ne peut se construire. C’est ce constat indéniable que font sans doute les 140 000 Malgaches vivant en France actuellement et les milliers de personnes qui font les démarches nécessaires chaque année pour quitter la Grande île. Que l’on soit étudiant, intellectuel ou encore homme d’affaires, c’est sûr que quelque part ailleurs sauf chez nous, les conditions de vie seront plus descentes. Et la destination préférée des Malgaches reste encore la France. Les universités y sont meilleures et un étudiant sortant d’une académie française aura dix fois plus de chances dans le monde professionnel qu’un autre qui aura fait ses armes ici-même. Un intellectuel sera, là-bas, reconnu et payé à sa juste valeur. Un minimum de 2 000 euros par mois alors qu’au pays, le salaire moyen n’est que de 30 euros mensuels. En fait, peu importe le métier, il est sûr qu’il sera mieux rémunéré dans un pays d’outre-mer, et que les conditions de travail seront fameuses. Le climat des affaires est plus prospère dans l’Hexagone, la concurrence y est un peu plus loyale alors qu’au pays, dès que vous commencez à voir la lumière, on s’arrange pour vous faire couler. Le monopole des activités existe bel et bien et les gens qui font en sorte que la situation reste ainsi sont protégés par l’Etat lui-même.
Choix évident
En définitive, le choix de quitter le pays est évident mais, malheureusement, celui d’y revenir est de moins en moins envisagé par la diaspora malgache. Le pays s’enfonce de plus en plus dans la pauvreté, l’insécurité et l’anarchie. Si au début, le fait de s’envoler vers d’autres horizons était plus considéré comme un tremplin, une rampe de lancement qui mettrait en orbite une fois retourné à Madagascar, il s’impose maintenant comme une porte de sortie pour échapper à la misère. Ainsi, très peu de Malgaches en France, pour ne pas dire tous, pensent à retourner dans la Grande île. Et plus ils s’accoutument à leur pays d’accueil, plus ils se détachent du pays d’Andrianampoinimerina. Bien sûr, les plus nostalgiques reviennent au bercail de temps en temps pour rendre visite à leurs proches et faire ce que la majorité des Malgaches ne peuvent pas, c’est-à-dire profiter pleinement du pays en visitant tous ses trésors : les plages de sable fin, les sites touristiques et historiques. Quant à ceux qui sont nés en France, le seul lien qui pourrait les unir au pays de leurs ancêtres est la curiosité. Le constat est triste mais le Malgache n’a pas de quoi être fier de son pays. Le patriotisme n’a jamais été qu’un mot utilisé par les politiciens, mais peu de gens sont véritablement animés par ce sentiment.
Feno Tsiky