Il y a 42 ans, jour pour jour, le chef d’Etat de la République de Madagascar, le Colonel de la gendarmerie Ratsimandrava a été tué mais comme toutes les histoires d’assassinat en Afrique, l’affaire n’a jamais été élucidée et seuls, les exécutants ont payé dont le fameux « Zimbo » chanté par les Lolo sy ny tariny. Ainsi le 11 février 1975, le père du « fokonolona » a reçu plusieurs balles dans le corps à Ambohijatovo – selon la version officielle – et est mort sur le coup. Selon Wikipédia, ce concept est « de fonder la politique intérieure sur le cadre de gouvernance existant basé sur le « fokonolona » qu’il – ndlr : le Colonel Ratsimandrava -  voit comme seul cadre institutionnel et économique possible, car viable et reconnu par et pour la majorité de la population, pour le développement de Madagascar ». Quelques mois plus tard, le procès de l’affaire Ratsimandrava va s’arrêter pour sauvegarder l’unité nationale du pays, déjà assez fragilisée à cette période, si l’ancien président de la République, Philibert Tsiranana et les caciques de son régime ont été acquittés. De nombreuses thèses ont été effectivement émises concernant son assassinat mais aucune n’a vraiment conduit aux cerveaux de l’affaire. Il y a quelques jours, un tableau de figures contenant les photos des chefs d’Etat africains dont l’assassinat a été commandité par la France, a été véhiculé sur les réseaux sociaux et celle du colonel Richard Ratsimandrava s’y trouve en très bonne position.

Mais la question, que tous les malgaches se posent, est la réussite ou non du concept s’il a été adopté par tous et surtout par tous les régimes qui se sont succédé depuis son assassinat. Pour rappel, durant la deuxième République, le « fokontany » est considéré par la population et par les autorités. Les chamailleries entre voisins tout comme les problèmes fonciers ont été réglés au niveau de cette structure d’abord. C’est aussi le cas des aides aux populations vulnérables, notamment les seniors, les 4’mis, et même les enfants déscolarisés. En tout cas, on était loin de ces vindictes populaires et de ces règlements de compte qu’on a maintenant l’habitude de voir. D’un autre côté, la population respectait les institutions et les autorités ainsi que les politiciens. Et en aucun cas, on n’ira les insulter, comme on a aussi l’habitude de voir sur les réseaux sociaux de nos jours. Mieux, la culture du « mahay mandray vahiny » des étrangers mais aussi des nationaux en voyage sur leurs terres primaient tout. Beaucoup croient rêver en pensant actuellement que les malgaches sont un peuple pacifique qui fuyait les médisances et le sang. Malheureusement, c’est bien le cas aujourd’hui et pire, cela touche les forces de l’ordre malgaches dont la gendarmerie. Ce corps est pointé du doigt par de nombreuses personnes quant à sa possible participation dans des affaires relatives à l’insécurité. Pire même, on s’entretue au sein de ce corps et rappelons que récemment, un gendarme a été tué à Anjozorobe par ses propres frères d’armes. Dans les milieux urbains, la gendarmerie nationale est plutôt connue pour être la force répressive du régime en place. La dernière contestation des étudiants de Vontovorona le montre si bien mais tout le monde a en tête l’arrestation musclée de Jean-Pierre, l’autre étudiant mais d’Ankatso cette fois-ci. Ces dernières années, ce sont des éléments de la gendarmerie qui se pointent dès que quelques personnes se réunissent dans la rue et selon les observateurs, toutes les grenades lacrymogènes qui ont explosé durant ce régime, appartiennent à ce corps !  Ainsi, son image auprès de la population est tout simplement celle d’un escadron de la mort des régimes totalitaires. Et 42 ans après la mort du Colonel Ratsimandrava dont il a été le commandant en chef en 1969, la gendarmerie nationale a plutôt une macabre notoriété tandis que le concept du « fokonolona » est jeté à la poubelle par les tenants du pouvoir.  Par contre, beaucoup d’entre nous ne l’ont pas oublié et croient toujours que ce ne sont pas les « olomanga » doublés « d’olo-marina » et « d’olo-kendry » qui manquent dans ce pays !

J.L.R