Bois de rose – Des rondins déjà saisis de nouveau interceptés
Le Premier ministre Olivier Mahafaly avait déjà déclaré la guerre aux trafiquants de bois de rose et félicité lors de la Présentation de vœux d’Iavolaha le fait que durant toute l’année 2016, le trafic de bois de rose avait cessé. Le début de l’année 2017 vient pourtant d’être marqué par le retour du trafic avec une première saisie de 340 rondins. Pire encore, il s’agissait de bois déjà saisis et parmi les ’‘décomptés’’ auparavant et donc censés être sous la surveillance des autorités.
Après une assez longue période sans grand bruit, le Gouvernement vient de faire une saisie considérable de bois de rose, la première de l’année. C’est dans ce cadre qu’une délégation gouvernementale conduite par le Premier ministre (Pm) Olivier Mahafaly lui-même, avec le ministre de l’Environnement, le ministre des Transports, le ministre de la Justice, le ministre de la Défense nationale, le secrétaire d’Etat à la Gendarmerie, ainsi que le Dg de la police nationale ont effectué une descente express à Toamasina. En effet, un bateau portant le nom « Lumina » a été intercepté alors qu’il transportait une cargaison de 340 rondins de bois de rose représentant au total 60 tonnes de marchandises. A signaler qu’il s’agit de bois déjà décompté, ou déjà saisi donc, mais que les trafiquants ont quand même pu embarquer. D’autre part, il semble également que ces 340 rondins ne constituaient que le premier chargement et que d’autres étaient prévus. Selon les informations recueillies, la traque avait commencé le 1er février dernier alors que les autorités portuaires d’Antsiranana avaient remarqué des mouvements suspects de navires. Le bateau « Lumina » avait alors demandé un bon de partance en direction de Mahajanga, transportant du sel à son bord. Arrivé à Vohémar, une partie du sel avait été débarqué et une autre cargaison monté à bord. Le Lumina, avec 12 membres d’équipage à son bord, avait été ravitaillé par cinq petits bateaux. C’est suite à cela que la Primature a décidé de mettre en place une unité spéciale composée de militaires, de spécialistes et de journalistes pour suivre de près les mouvements. Cette unité spéciale avait alors confirmé le fait que le Lumina transportait du bois de rose. Après quoi le bateau a été traqué depuis son départ de la Commune Vinanivao du district de Vohémar où les rondins étaient entreposés après leur première saisie. Et ce, avant d’être interceptés par l’unité spéciale au niveau du Cap Masoala le 4 février dernier.
Des pistes
L’équipage avait opposé une résistance lors de l’interception, refusant de collaborer, obligeant les forces de l’ordre à user de la force et à ouvrir le feu. Tout de suite après, le bateau a été escorté jusqu’à Sainte- Marie par l’unité spéciale où les officiers de police judiciaire ont procédé à l’arrestation des membres de l’équipage. A son arrestation, le commandant de bord a déclaré avoir refusé de transporter la cargaison au départ. C’est seulement après que la propriétaire du bateau les a rassuré selon quoi elle allait intervenir auprès des garde-côtes et qu’il n’y aurait rien à craindre et qu’il aurait accepté de monter les rondins dans le bateau. Une première piste a donc pu être découverte en ce qui concerne la propriétaire du bateau qui, selon les informations, serait celle qui possède une société dénommée « Tsaralaza ». D’autre part, selon les enquêtes, la marchandise appartiendrait à une certaine Madame Yvette, opérateur économique dans la région Nord de Madagascar. Plusieurs arrestations ont déjà été effectuées par les forces de l’ordre et actuellement, l’enquête est menée par le Commandant de la Gendarmerie nationale (ComGN) et le Directeur général de la police nationale (Dgpn).
Un nouveau mode d’emploi
Cette affaire se démarque de toutes les précédentes par un nouveau mode d’emploi. En effet, mis à part le fait qu’il s’agisse non pas de bois fraîchement coupé mais de bois déjà saisi, le bateau « Lumina » n’était pas censé ravitailler un navire étranger en haute mer, comme cela se faisait avant. Selon le Pm, il semblerait que celui-ci devait se rendre en Afrique, dans un pays bien déterminé où attend le navire qu’il est censé ravitaillé. Tout cela met en évidence un réseau de trafiquants bien rodé impliquant non seulement des opérateurs mais également des autorités locales. Le Premier ministre a souligné que cette saisie résulte de l’effort gouvernemental en ce qui concerne la gestion rationnelle et équitable des ressources naturelles du pays. Aussi, il a fait savoir que cette affaire sera menée à son terme, jusqu’au démantèlement du réseau même pour que les richesses du pays puissent profiter au plus grand nombre.
D’ailleurs, la valeur des 340 rondins de bois de rose à bord du « Lumina » se monterait à plus d’un million de dollars soit près de 3 milliards 600 millions d’Ariary. Le « Lumina » est actuellement gardé au port de Toamasina et le Premier ministre a chargé le ministre de l’Environnement de placer ces bois précieux dans un lieu sécurisé. Pour en revenir à ceux qui ont fait l’objet d’arrestation dans cette affaire, ils seront bien traduits devant la Justice dans les meilleurs délais, selon toujours le Premier ministre, bien que le Tribunal spécial concernant le trafic du bois de rose ne soit pas encore opérationnel.
Ny Aina Rahaga