Le sceptre de la réconciliation – Course pour la couronne
L’opinion sature, les chamailleries postélectorales ont eu raison de la patience dont la population n’a que trop fait montre. Les acteurs politiques flairent ce vent de lassitude qui peut à tout moment provoquer une éruption dont on ne peut prévoir à l’avance ni la forme ni l’ampleur. Pour sauver la mise ou pour tout rafler, chacun de son côté tente de s’accrocher au parachute « réconciliation » ou rabibochage, c’est selon. La course est partie, sans qu’un quelconque starter n’ait donné le top départ. Le Comité de Réconciliation Malagasy qui aurait pu prendre une confortable avance grâce à son statut officiel et à un départ assez tôt dans le temps. L’écart qui aurait pu être a fondu avant d’être, tout bonnement parce que le public ne voit aucun progrès réalisé dans le rapprochement, le public ignore même à quelles personnes ou groupes de personnes vraiment le CRN a décidé d’adresser ses bons offices de rapprochement. Même les discours apparaissent le plus souvent amphigouriques, à fortiori l’action, si tant est qu’on puisse en considérer quelqu’une de concrète. Son concurrent le CRN, organisation privée, montrant plus de détermination dans ses intentions, affichant une volonté plus politique, n’a pas loupé les circonstances actuelles pour tenter de marquer un point dans l’opinion. Le malaise sur le campus d’Ambondrona à Mahajanga lui offre l’opportunité de faire ses preuves in situ. Il ne s’en prive pas, mais quelle qu’en soit l’issue ça ne suffira pas à servir de référence pour mener l’opération à l’échelle nationale. La suite qu’annonce le CRN se veut très politique, un référendum ! On connait tout le charme de la proposition que le CRN avance à ce sujet, mais on sait aussi que cette proposition divisera l’opinion et à partir de là, on s’éloigne de la réconciliation. Il faudra de nouveau identifier de nouvelles entités à réconcilier, de nouveaux clivages seront venus se superposer aux fractures précédentes. Alors qu’ils étaient en pleine lumière, les groupes Mapar et PMP ont glissé dans l’ombre, concoctant une sorte d’alliance républicaine avec en caution la mouvance Ravalomanana qui serait le troisième pilier pour former le foyer. Actuellement aucune de ces forces ne bénéficie d’une réelle sympathie populaire, la réussite de leur entreprise commune de former une sainte alliance, renverrait à leurs livres CRM et CRN, alors que la réconciliation n’aurait pas réussi un pas durable.