Bois de rose – Jamais les gros bonnets !
La semaine dernière, le régime avait mis sur pied une campagne de folie après qu’une cellule composée par la Présidence et la Primature a pu appréhender un navire transportant 340 rondins de bois de rose déjà saisis en direction de l’Afrique.
L’annonce de cette saisie, la première de l’année, était digne des plus grandes réussites du régime. Pourtant, à l’heure de dévoiler les responsables ou du moins ceux impliqués dans cette affaire, aucun nom n’a été donné et sur la liste des coupables, on retrouve seulement les 12 membres de l’équipage du « Lumina », le navire chargé de transporter la cargaison. Jusqu’à maintenant, alors qu’un ou deux noms ont été cités, à savoir une certaine dame Yvette et le propriétaire d’une société dénommée « Tsaralaza », aucune arrestation n’a été entendue. Comme par hasard, 4 coupeurs de bois de rose à Mananara Nord ont été appréhendés la semaine dernière. Ces 4 individus étaient en possession d’une douzaine de rondins de bois de rose et ont été placés sous mandat de dépôt, en attendant l’arrestation des gros bonnets de cette affaire. Les « limiers », comme on se plaît à les appeler dans les rapports officiels, ont donc été capables de remonter à la source même des coupes, sauf qu’il fallait remonter à la source du trafic. A Madagascar, ce sont toujours les petits travailleurs qui en bavent dans ce genre d’affaires, et jamais les gros bonnets. C’est d’ailleurs ce que déplore l’Ong Traffic international.
500 millions Usd perdus en 15 ans
Dans un rapport de 144 pages, l’organisation Traffic international accable Madagascar et ses dirigeants sur l’exploitation et l’exportation des ressources naturelles du pays, notamment en ce qui concerne le bois de rose. Traffic est un réseau de surveillance du commerce des espèces sauvages, la principale organisation non gouvernementale travaillant au niveau mondial sur le commerce des animaux et des plantes sauvages dans le contexte à la fois la conservation de la biodiversité et le développement durable. Et les membres de cette organisation n’ont pas été tendres envers la Grande île. En effet, de leur rapport ressort la vérité sur l’exportation du bois de rose : Madagascar aurait perdu un peu plus de 500 millions de dollars américains entre l’année 2000 et 2015. Ce chiffre est combiné avec le fait que depuis les années 2000, 63% des exportations de bois précieux malgaches sont illicites. Selon Traffic international, dans son rapport intitulé « Timber Island The Rosewood and Ebony Trade of Madagascar », les causes sont simples. « Une combinaison de l’instabilité politique, de la mauvaise gestion du gouvernement, un manque de contrôle des forêts et du fonctionnement de l’exploitation de cette dernière, et une incapacité à imposer des sanctions punitives contre les trafiquants bien connus ont contribué à ce qui était effectivement le contrôle zéro sur la gestion des ressources en bois précieux Madagascar ». En clair, un manque de volonté pur et simple des responsables face à des trafiquants déjà connus.
D’ailleurs, certains personnages donc deux anciens Premiers ministres ont déjà avoué avoir une liste des trafiquants, sauf que cette liste n’a pas encore été dévoilée au grand jour jusqu’à maintenant. D’autre part, ce rapport peut maintenant faire office de preuve sur le fait que le trafic de bois de rose a bel et bien existé et initié bien avant le régime de Transition, depuis les années 2000, du temps du régime….
Régis Kabary