La décentralisation oubliée – Des régions nourries au sein du centralisme
Décidemment le pouvoir central ne parvient pas à se décider à sevrer de son paternalisme maternisant les Régions. Différentes sensibilités se sont succédé au pouvoir, les unes et les autres reconnaissant toutes dans leur déclaration que les Régions représentent à elles toutes à l’échelle nationale et chacune en ce qui la concerne au niveau de sa circonscription, des collectivités de base pour le décollage du développement. Jusqu’à aujourd’hui pourtant les Régions n’ont servi qu’à entretenir un grand bluff, une duperie de dimension nationale. De collectivités décentralisées les Régions ne l’ont jamais été. Elles n’ont jamais connu de chefs de Région que ceux désignés par le pouvoir central, et n’ont eu d’usage qu’à être des relais politiques de ce pouvoir central, permettant un contact autoritaire de proximité. La valse des chefs de Région quelques semaines avant les élections au-delà des justifications du discours officiel n’avait sans doute de raison qu’à cet effet. Evidemment dans le contexte actuel, la question de décentralisation ne constitue pas un souci premier pour les états-majors politiques. Or la machine fonctionne, et même si elle tourne à vide elle coûte un prix aux dépens des caisses publiques. En toile de fond pour animer un peu le paysage de la décentralisation, on n’agite pas un chiffon rouge pour tromper l’opinion, mais on expose dans la vitrine une sorte de marionnette en guise de crieur public avisant d’élections municipales et communales probables avant la fin de l’année. Personne ne s’avance à dire si la nomination d’un PDS à la tête de la Ville d’Antananarivo contribue à renforcer ou au contraire à infirmer cette information nébuleuse. Comme Saint Thomas on ne peut y prêter foi que lorsque le calendrier aura été arrêté officiellement, encore que même dans ces conditions la tenue reste toujours aléatoire, on a déjà connu des échéances remises à plus tard voire des ajournements sine die. Que dire des élections régionales qui ne font pas l’objet d’un blackout mais dont il n’est même pas question. Autant faire l’économie des Régions jusqu’à ces élections ! Le prétexte officiel que les Régions constituent un moyen de lutter contre l’insécurité. On dirait que les chefs de Région actuels n’en ont pas fait la preuve jusqu’ici. Du reste concernant l’insécurité qui règne, la solution chef de Région n’est pas seulement une mauvaise solution c’est une solution qui n’a pas lieu d’être, le chef de Région autorité décentralisée a-t-il autorité sur les forces de l’ordre qui relèvent du pouvoir central ? La réponse à cette question perturbe beaucoup les relations des responsables locaux de la lutte contre toutes les formes d’insécurité.
Léo Raz