Ambatovy – Sherritt risque de sortir du projet
Un coup de tonnerre pour le projet Ambatovy et ses employés. La compagnie Sherritt international, détentrice des 40% des actions, risque de quitter le projet si elle ne trouve pas d’entente avec ses partenaires.
Le cours du nickel commence à grimper, malgré cela, la perte de Sherritt international dans ce projet semble être lourde. La valeur du projet a connu une diminution. D’après un haut responsable de cette compagnie lors du mining Indaba en Afrique du Sud, le développement de l’extraction et de la production du nickel et du cobalt d’Ambatovy a coûté environ 5 milliards de dollars à la compagnie. Sherritt international qui détient 40% des actions d’Ambatovy a vu réduire sa participation à 1,6 milliard de dollars canadien, l’année dernière. La compagnie a emprunté environ 650 millions de dollars à ses partenaires pour payer sa part dans le développement du projet et a eu une dette de 1,3 milliard de dollars canadien (avec les intérêts) dans le bilan de 2015. « Cela pèse lourd pour une compagnie comme la nôtre » déclare David Pathe, un haut responsable de Sherritt. Malgré cette situation, la compagnie espère sortir de cette impasse et réduire sa dette, surtout que le cours du nickel commence à grimper.
Dette faramineuse
La compagnie possède aussi des projets d’exploitation minière et de transformation énergétique à Cuba. La perte nette de Sherritt était de 378,9 millions de dollars. La perte de 2015 était, en grande partie, liée à la dépréciation du projet Ambatovy de 1,6 milliard de dollars.
Sherritt négocie avec ses partenaires coréens et japonais dans le but de céder une partie de son action dans le projet Ambatovy en échange d’une réduction de sa dette. « Si les pourparlers échouent, une sortie complète du projet est potentiellement encore sur la table», a déclaré Pathe. « Jusqu’à présent, les conversations avec nos partenaires ont été constructifs » se réjouit-il. « Nous souhaitons toujours être présents dans le projet. J’espère qu’on trouvera des ententes. Mais à ce stade, nous avons besoin de certitude. S’il est nécessaire de sortir du projet, nous serons prêts à le faire » ajoute David Pathe. Sherritt international négocie pour qu’elle ne détienne plus que 12% du flux de trésorerie distribuable pour le projet Ambatovy. Jusqu’à maintenant, le projet n’a pas encore enregistré de bénéfice.
La compagnie a mis des années pour l’exploration et le développement de la mine d’Ambatovy. Elle s’est heurtée, comme toute entreprise à Madagascar, à des crises politiques. Elle a consacrée une enveloppe conséquente à son implantation, dont la construction de routes, centrales électriques, quais portuaires, lignes de chemin de fer, mais aussi pour la responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE) comme la protection des forêts et animaux en voie de disparition.
« Nous pensons toujours que la mine est viable et pourra durer 26 ou 27 ans » soupire David Pathe. Avant d’ajouter « le nickel et le cobalt d’Ambatovy sont de très haute qualité avec un coût de production minime ».
Risque pour les employés
Malgré cette situation, le cauchemar d’Ambatovy pourra toucher à sa fin. Le cours du nickel commence à grimper. Jeudi dernier, le cours du métal du diable était de 11.070 dollars la tonne, son niveau le plus élevé en deux mois. Cette hausse est due à la fermeture de plusieurs usines en Philippines. Pour rappel, le ministère de l’Environnement de ce pays a fait des revues sur 41 mines. Verdict : sur ces 41, 23 seront fermées et 5 suspendues. Ce sont ainsi 8 % de la production mondiale de nickel qui pourraient à terme disparaître, avec pour conséquence une redistribution des cartes et une incidence potentielle au niveau des cours.
« Ces fermetures ajoutées à l’augmentation de la demande pourront soutenir cette hausse » indique la compagnie dans son rapport. « Mais il faut voir aussi le contexte mondial, surtout les promesses protectionnistes du Président américain. Les Etats-Unis figurent parmi les pays grands consommateurs du métal du diable. S’ils augmentent les droits de douanes, ceci aura certainement des impacts sur les coûts » explique Pathe.
Si jamais Sherritt met la clé sous la porte, les impacts sur Ambatovy et ses employés se feront lourdement sentir. A titre de rappel, le projet compte près de 8 000 employés et a déjà fait des compressions de personnel.
Razafy