Affaire Lylison – La balle renvoyée au Tribunal
Pour un petit rappel des faits, le sénateur élu de Mahajanga avait lancé un appel à la ville morte le soir du 23 mai 2016. A travers plusieurs chaînes de télévision et de radio privée de la capitale, il a lancé un appel à la mobilisation des Andrimasom-pokonolona au niveau de tous les « Fokontany ». Les partisans de cette opération devaient descendre dans la rue pour ériger des barrages et brûler des pneus sur toutes les rues et ruelles de la ville des Mille la matinée d’après. Cette initiative aurait été décidée pour mettre fin aux souffrances quotidiennes des malgaches, victimes de l’incompétence des dirigeants, mais aussi et surtout, pour contester le non-respect de la liberté d’expression et de la liberté d’opinion. L’appel lancé fut bien suivi dans quelques quartiers de la Capitale malgré la crainte d’une répression des forces de l’ordre.
En parallèle, les autorités avaient enclenché la chasse à l’homme et une première perquisition avait été effectuée chez le sénateur de Mahajanga, restée infructueuse. Depuis, le régime n’a lâché du lest à aucun moment et le colonel Lylison reste introuvable. A court de solution sans doute et pour s’assurer de ne pas perdre, le régime a décidé de condamner ce dernier par contumace à un an de prison ferme notamment pour trouble à l’ordre public et atteinte à la sûreté de l’Etat le 13 février dernier.
Opposition
La notion de condamnation par contumace n’est pas encore très répandue à Madagascar. En terme simple, un procès par contumace et une condamnation par contumace désignent une décision judiciaire prononcée par un juge à l’issue d’un procès, en l’absence du condamné qui se trouve en état de fuite. Tout ceci pour qu’il n’y ait pas prescription et donc pour que l’affaire puisse être jugée lorsqu’on aura arrêté le sénateur de Mahajanga. Normalement, Lylison avait toujours le droit de faire appel à la décision lorsqu’il réapparaitra, ou via son avocat ou encore sa famille. Ce qui est chose faite à présent. La famille de Lylison René De Roland a déposé ce lundi 20 février une opposition au verdict du tribunal, condamnant ce dernier à un an d’emprisonnement ferme. La guerre se jouera donc maintenant au tribunal. Tous semblent maintenant être contre l’Etat dans cette affaire. D’abord, il y a la décision de la Chambre haute de le maintenir à son rang. Puis il y a les récentes déclarations de plusieurs partis politiques sur ce sujet, et en première ligne le parti Mapar qui a dénoncé cette décision de justice comme étant un coup plus politique que judiciaire. Le constat est donc le suivant : plus les détracteurs du sénateur lylison s’acharnent sur cette affaire, plus le mur auquel ils font face devient solide !
Feno Tsiky