A CAPELLA ET A L’UNISSON
Le bon vieux temps du communisme est revenu le temps d’une élection. N’en soyons pas si sûr que cela ne redevienne pas la nouvelle méthode de gouvernance. Le pays ne vient-il pas de vivre une transition de cinq ans, même si le record de la transition du pays d’Houphouët n’est pas battu, 10 ans ? Pour de nombreux observateurs, ce bon temps risque de s’installer durablement et incisivement ! Effectivement, il n’y a aucune raison à ce que les reflexes ne reviennent pas : tout ce beau monde était sur le banc des écoles durant la révolution socialiste malagasy où on criait « oie, oie ! » à tout bout de champ, où on ne s’habillait bien qu’avec un foulard rouge, où on apprenait par cœur les textes du « Ao anaty boky mena », où on écoutait le soir à la radio l’émission « Ô ry vahoaka », et pire, on se divertit en allant au cinoche pour voir des films soviétiques relatant leur victoire patriotique durant la 2ème guerre mondiale.
L’élection du nouveau bureau permanent de l’Assemblée Nationale, le week-end dernier, rappelle fatalement ces années rouges de la Grande Ile, plus même, presque la marche forcée de Mao Tsé-toung en Chine. Les camarades regroupés au sein de la PMP, accompagnés des nouveaux… transfuges se sont levés comme un seul homme pour élire le président, les vice-présidents, les questeurs, et les rapporteurs généraux. Et bien sûr, le nouveau chef d’orchestre et le tambour major, à comprendre que c’est celui qui détient la bourse puisque sans lui, rien ne marche et par conséquent, il doit se positionner avant toute la troupe, ont promis voitures tout-terrain et autres avantages.
Dans les autres institutions, notamment au niveau des ministères, les mêmes pratiques sont constatées après la passation. Le dénominateur commun est la mise à la porte, en premier lieu, du staff politique, sans distinction aucune et sans avoir consulté les qualifications techniques de chaque membre. Le mot d’ordre est de … tout balayer. Assurément, le tour des membres du staff technique viendra bientôt, au gré des conseils des ministres et on mettra un deuxième… 100 jours pour nommer les nouveaux hauts cadres, et un troisième, pourquoi pas un autre quatrième 100 jours pour faire fonctionner la machine administrative. Quant au redressement économique, ou la relance des institutions, les résolutions des problèmes sociaux, on organisera des séminaires, des ateliers, des assises, et autres concertations pour y réfléchir, peut-être, sérieusement !
Mais certains sont allés très vite pour pas grand-chose : tel est le cas du Pds d’Antananarivo en remplaçant tous les membres de son staff technique. Finalement, au bout de trois mois, les rues de la Capitale sont toujours décorées de trous… d’éléphant, les marchands illicites et les travailleurs du sexe occupent toujours les trottoirs, la caisse de la CUA reste vide… En somme, les mêmes stratégies ne peuvent pas toujours produire les mêmes résultats.
Jean Luc RAHAGA