Mama Sana – Une biographie signée Victor Randrianary
Les amoureux de la bonne musique, que ce soit malgache ou étranger peuvent actuellement découvrir qui était vraiment Mana Sana, cette musicienne singulière et exceptionnelle, parfois méconnue du grand public. Actuellement, la biographie de Mama Sana, faite par Victor Randrianary, est disponible sur http://ethnomusicologie.revues.org. « Succès, angoisses… et musique : le blues sakalava », tel est la description de cette musicienne par l’auteur dans la rubrique « histoire des vies ». Mama Sana a animé des cérémonies. Elle était la star du village. « Tous les soirs, sur le trottoir ou en buvant un verre, elle nous apprenait la chanson traditionnelle, comment chanter le beko. Elle nous expliquait la valeur de cette tradition musicale. Mama Sana, c’était mon université » témoigne Lala Njava en expliquant son album solo « Malagasy Blues Song ».
« Cet article témoigne du courage, de l’éthique et du succès, ainsi que des tourments d’une musicienne. A Madagascar, il demeure essentiel de connaître ses racines et son appartenance ethnique. Or, Mama Sana a abandonné volontairement sa communauté d’origine pour se faire adopter par une autre : un acte inhabituel que les siens pourraient ressentir comme une trahison, mais aussi un choix motivé par la passion de l’autre. A une époque où l’intolérance ethnique devient cruciale, la démarche de Sana est exemplaire » résume Victor Randrianary. Et lui de continuer « la vie de cette musicienne attitrée de la famille princière fut une suite ininterrompue de succès. Pourtant, la souffrance de la nostalgie maladive appelée jagobo est au cœur de sa musique. Elle mettait en musique la peine des individus, pour que toute la société s’y associe. Sana plonge au plus profond de son inspiration pour chanter la nostalgie et la passion amoureuse, qui l’amènent à décrire ses propres passions. A la fin de sa vie, cette virtuose de la valiha, adepte de la forme ouverte, se nommait elle même « jeune fille usée ». L’angoisse d’un second exode l’avait alors assaillie au point de devenir musique, du connu à l’inconnu, de la vie à l’au-delà ».
Nirina Rasoanaivo