Une population cybercriminelle !
La loi sur la cybercriminalité à Madagascar a été avalée et avalisée par nos parlementaires nouvellement élus. Cette loi figure parmi les 7 autres adoptées par l’Assemblée nationale lors de la première session ordinaire de 60 jours de cette année et a été présentée le 25 mai 2014 dernier. Evidemment face aux avancées technologiques que l’administration publique de notre pays, et particulièrement la justice malgache, ne maîtrise pas du tout, les balises, dans un cadre juridique clair, sont nécessaires. Bien sûr, les députés n’ont pas été capables de faire la différence entre « une infraction pénale susceptible de se commettre sur ou au moyen d’un système informatique généralement connecté à un réseau » et « une autre infraction commise par la voie de la presse ». Dans notre pays, la marge entre la presse traditionnelle et celle virtuelle n’existe pas puisque tous les supports de communication existants tels que les radios, les télévisions ou encore la presse écrite, ont leurs versions en ligne.
Selon cette nouvelle loi portant lutte contre la cybercriminalité, « la diffamation commise par le biais de supports électroniques ou informatiques sera sanctionnée de 2 à 5 ans d’emprisonnement et de 2 millions à 100 millions d’ariary d’amende surtout quand elle vise des Corps constitués, les administrations publiques, les forces armées, les tribunaux, les membres de gouvernement et du parlement, les citoyens chargés d’un mandat public… ». L’exemple de la diffamation est pris suite aux derniers événements qui ont touché le pays. En somme, les techniciens de l’informatique et de l’information, ainsi que les jeunes accros de technologie n’ont qu’à se reformer dans d’autres filières moins numériques telles que l’agriculture et l’élevage, tandis que les zones franches informatiques, seul secteur qui ait résisté à la crise politique au cours de ces dernières années et autres crises économiques internationales et/ou mondiales, devraient fermer leurs portes. Plus aucune société de presse n’ira investir dans l’édition de son journal en version électronique que le monde entier, et non seulement la diaspora et les touristes et agence de tourisme en quête d’informations. Bref, cette loi fait revenir Madagascar à l’âge de pierre sans que ceux qui l’ont proposée mais aussi nos parlementaires soient conscients d’un tel impact. Pire, les efforts menés pour la démocratisation de l’accès à l’informatique et la globalisation des réseaux dont la création de salles d’informatique dans les collèges, lycées, universités et autres maisons des jeunes, et entre autres, l’installation de réseaux pour l’accès à l’internet, sont vains puisque personne n’ira plus jamais toucher à un outil numérique au risque de se voir infliger les lourdes peines citées plus haut (voir article par ailleurs). Finalement, nombreux se demandent à quoi servent des dirigeants et des députés non seulement incapables d’accomplir le minimum vital pour la population tout en mettant des barrières pour l’empêcher de suivre les évolutions réalisées par l’Humanité, et en contrepartie, offrent le bagne !
Jean Luc RAHAGA