Le langage de la force !
Beaucoup pensent avoir tout vu dans ce régime issu d’une longue crise politique qui, malgré des performances inédites pour une transition de 5 ans, a raté sa sortie en misant sur une équipe de gros outsiders. Evidemment, le nouvel arrivant était accompagné d’une horde d’arrivistes ne connaissant rien à l’administration publique malgache et pensant que les règles régissant cette dernière ont été tout simplement copiées sur celles de la France. D’où peut-être cette culture du plagiat emmené par les proches du Président de la République et constatée depuis son investiture de ce dernier.
Avec les critiques venus de tous bords dans la gestion actuelle des affaires de l’Etat, devant la paupérisation rapide et durable de la population depuis l’avènement de la IVème République mais aussi les impacts des décisions politiques prises par les tenants du pouvoir actuel, le régime est plus que malmené : il est tout simplement haï par le peuple. Et pour se faire respecter, et ne serait-ce que pour se faire entendre, le seul langage, la plus facile aussi d’ailleurs, que ce régime utilise est celui de la force. Dans l’exemple de l’emprisonnement des journalistes, les analystes estiment que tout a été dit d’avance et les interventions médiatiques dont la conférence de presse tenue par les plaignants au moment du déferrement des journalistes au Parquet du Tribunal d’Anosy, ainsi que la sortie en « Une » du directeur de cabinet du Président de la République dans un quotidien de la Capitale et ce, le jour du procès, tendent à confirmer le téléguidage étatique du régime. Le tout sans parler des autres interventions et pressions en dehors de la place publique.
Dernièrement, l’essai sur le bâillonnement de la presse et de l’internet est transformé à travers l’adoption de la loi sur la cybercriminalité et justement, ceux qui ont été élus par le peuple pour étudier de près ces lois qui vont à l’encontre des principes fondamentaux garantis par la Constitution, sont ceux qui le livrent pieds et poings liés à la prison. Il est effectivement sûr maintenant que la moindre incartade linguistique, d’expression et d’opinion divergente à celle du régime, sur tout support électronique sera pénalisée d’un minimum de 2 ans de prison. En somme, l’Etat devrait faire un gros effort d’investissement en établissement pénitencier où le nombre de places pour les détenus devrait être au minimum égal au nombre d’ordinateurs dans tout Madagascar. Et que la création, par l’Etat et par le privé, de salle d’informatique dans toutes les écoles de tout niveau pédagogique, de maison de jeunes dotée d’accès à l’internet, et autres cybercafés doit cesser immédiatement. Sinon, c’est de l’incitation à la … diffamation et injure pour les jeunes et moins jeunes! Même le drop est réussi pour le pouvoir et avec une telle force que tout le monde tremble rien qu’à l’idée de surfer et de « facebooker ».
Plus près sur le terrain, on règle toujours les descentes dans les rues à coup d’arrestation et de grenade lacrymogène. Les vacanciers à Mahajanga, les étudiants et parents d’étudiants de l’Université d’Ambondrona, le personnel administratif et technique du même université, les commerçants de Mahabibo en savent quelque chose si pour la Capitale, la population est terrorisée par l’insécurité tenace de tous les jours, de toutes les nuits, de tous les coins de rue, et de tous les arrêts bus si les forces de l’ordre s’amusent à lancer de cette bonne blague de … 600 gros bras dont 60 arrêtés au Stationnement des taxi-brousse de Fasan’ny Karana sans que personne ne soit déféré au Parquet. L’opération « coup d’arrêt » prévue pour Antananarivo est celle menée pour diviser la ville en 6 parties. Et justement, la balkanisation de la Capitale de Madagascar ne peut être réalisée en catimini puisque malgré la loi sur la cybercriminalité, les nouvelles vont vite dans la ville des mille guerriers et nos ancêtres sont appelés par le régime actuel à sortir de leurs tombeaux et à ramener de l’au-delà 5 milles autres combattants puisque la capitale va devenir Antananaeninarivo ! Ce projet de loi est le fruit d’une réflexion intelligente de la part de l’actuel ministre de la décentralisation, en même temps ministre de l’intérieur, qui a comme nom : Mahafaly. Mais beaucoup se posent la question si ce dernier fait partie des sortants du célébrissime CEDS, le moulin qui a fourni la majeure partie des manitous aux manettes dont le ministre de la défense – le major de la 10ème promotion -, et entre autres, le SGP – major de la 1ère promotion –. Le népotisme est plus flagrant sous ce régime quand on sait que toute une grande famille et autres « lafin-kavana » se sont installés au sein du ministère de la jeunesse et des sports et de ces organismes rattachés mais aussi au sein d’autres ministères tels celui des finances et du budget.
Pour les pauvres travailleurs gagnant moins de 250 000 ariary, leur salaire sera désormais imputé d’une nouvelle taxe « hetra isan-dahy miambavy isam-bolana» que nos augustes élus viennent d’adopter à travers la loi de finances rectificative 2014. Pour ces derniers, ils ne peuvent même pas émettre un tout petit cri de détresse, ils sont trop faibles pour faire face à ces ogres. Et dernièrement, le Cabinet de la Présidence irait compléter ses membres en faisant appel à des politiciens. Bref, une autre nouvelle force de frappe !
Jean Luc RAHAGA