« Ecoute, Maman est près de toi » disait la célèbre chanson « Le téléphone pleure » écrite par Frank Thomas et interprétée par l’autre célébrissime Claude François, et si le texte préconisait à la fin que le malheureux sera le lendemain au fond d’un train, Claude François, lui, s’est bien consolé avec ses Claudettes. Enfin, c’est ce que le petit malgache a compris à travers ses clips. Mais il faut  dire que les déboires sentimentaux  sont le lot quotidien de l’être humain et comme disait aussi une autre chanson interprétée par Elsa, cela ne figurerait jamais dans le Guinness book des records et ce n’est qu’une histoire banale ! Sous d’autres latitudes, beaucoup ont compris que la seule vraie consolation vient de sa foi, en Jésus pour la plupart des Malgaches ou en d’autres … Dieux.  Pour en revenir au téléphone proprement dit, plus précisément aux conversations téléphoniques, beaucoup ont remarqué ces derniers temps que d’autres voix, masculines en tout cas, se mêlent à celle de son correspondant, et ce, de manière plus claire malgré un bruit de fond. Il arrive de croire qu’on est revenu à l’ère des Citizen Band (CB), ces canaux ou fréquences allouées au trafic radio et ouverte à tous. De l’autre côté de la ligne, c’est-à-dire les voix masculines « intempestives »,  on s’exprime avec des mots presqu’inconnus que du coup, nombreux se sont obligés de revoir dans leur mémoire et/ou sur internet les codes numériques utilisés par les cibistes. Effectivement, sans qu’on enfreigne les innombrables infractions contenues dans la toute nouvelle loi sur la cybercriminalité, l’internet permet aux accros de la communication de rafraîchir un peu la tête et de remettre les idées en place. Et plus besoin de brancher le « chauffe-plat » – à comprendre ici par brancher l’amplificateur de puissance l’émetteur radio émettant sur la bande CB – puisqu’avec le retour des « Bob Ranary », les « Papas 22 » – qualificatifs des représentants de forces de l’ordre – risquent facilement de vous qualifier de déstabilisateurs de ce régime et vous envoient illico presto à l’interrogatoire dans un centre renommé, si le lecteur voit de quoi on parle !
Mais finalement, les observateurs ont vite compris que le téléphone portable qu’on tient souvent entre les mains, serait écouté. Par qui ? Jusqu’ici, on n’en sait trop rien mais la pratique ne date pas d’aujourd’hui et surtout constatée vers la fin du régime de Marc Ravalomanana. Et quand on sait que les hommes aux commandes, en ces temps-là et qui ont traqué les militants de la révolution orange, seraient presque tous revenus aux manettes. Pour d’autres pays, les écoutes téléphoniques existent depuis la nuit des temps et si on se réfère aux pays développés, la National Security Agency (NSA), un organisme gouvernemental du département de la défense des Etats-Unis, s’est permis d’espionner tous les dirigeants des autres grands pays de ce monde. Les services de renseignement de l’Etat malgache en auraient sûrement pris de la graine d’autant qu’Edward Snowden ne pourra pas informer la presse malgache si le régime actuel à Madagascar a un programme d’espionnage en cours ou non ! Les concernés, ou plus exactement, les visés n’auront donc que leur flair mais l’analyse sommaire tend plus vers la plausibilité de l’existence d’écoutes sauvages, d’autant que pas plus tard que la semaine dernière, des voitures de transport de nuit des journalistes sont prises en filature par des inconnus dotés de véhicules aux normes et osant utilisés des phares, même dans les rues bien éclairées de la Capitale. Apparemment donc, la NSA version gasy serait dans la place et sûre de son impunité, elle peut se permettre d’utiliser les nouvelles technologies pour parvenir rapidement à des résultats tangibles. Plus besoin de mettre des « bretelles » et de recourir à des « plombiers », il suffit d’un clic sur ordinateur maintenant et tant pis pour les restrictions prévues par le Code de procédure pénale en la matière.
Et comme tout le monde sait que la Capitale, et même tout Madagascar est déjà bien quadrillé par les forces de l’ordre, rien ne sert aussi d’utiliser des messagers comme au bon vieux temps et de se servir de « boîtes aux lettres » morte! Mais si jamais la pression oblige à recourir à d’autres moyens de communication, il faut savoir que La Poste Malagasy périclite depuis une bonne décennie, d’ailleurs à ce sujet tous les projets de redressement n’ont toujours rien donné, et le pli risquerait de ne jamais arriver au destinataire. En somme, la situation actuelle à Madagascar est pareille à la version bafouée de ce méga-tube de Claude François : « Ecoute, ne parle pas trop, Tonton Macoute est près de moi !  »

Jean Luc RAHAGA