Asie: le pape appelle au dialogue « créatif » entre Eglises et nations
Le pape Francois a recommandé dimanche à l’Eglise d’Asie d’être « créative » et de « dialoguer » avec les cultures asiatiques tout en préservant son « identité », et souhaité en retour l’ouverture des pays comme la Chine qui bannissent ou restreignent le culte catholique.
C’est un « petit troupeau » dans « l’immense continent », a-t-il reconnu d’emblée dans un discours réaliste mais non pessimiste, ferme mais ouvert.
Il s’adressait aux évêques des différents pays d’Asie réunis sous la présidence du cardinal de Bombay, Oswald Gracias.
L’Église croît régulièrement en Asie — la Corée du Sud, où 10% de la population est catholique, en est un exemple frappant avec 100.000 baptêmes par an — mais ne représente que 3,2% de la population.
François a appelé les évêques à la fois à défendre « l’identité » du christianisme, en puisant dans la vie évangélique, sans la diluer: ce respect de « l’identité » est la condition d’un « vrai dialogue » respectueux.
Hostile au prosélytisme, François a cité son prédecesseur Benoît XVI: « L’Eglise ne convertit pas par prosélytisme mais par attraction ».
François a recommandé que l’Eglise sache être « diversifiée et créative dans son témoignage », parlant de « l’empathie » nécessaire pour les autres cultures. « Le défi est celui de ne pas nous limiter à écouter les paroles que les autres prononcent, mais de saisir la communication non dite de leurs expériences, de leurs espérances et aspirations. Si notre communication ne veut pas être un monologue, il doit y avoir ouverture de l’esprit et du coeur pour accepter les personnes et les cultures ».
En présence de deux cardinaux chinois venus de Hong Kong, le pape a « espéré sincèrement que, dans cet esprit d’ouverture aux autres, les pays de votre continent avec lesquels le Saint-Siège n’a pas encore une relation pleine n’hésiteront pas à promouvoir un dialogue au bénéfice de tous ».
« Je ne parle pas ici seulement de dialogue politique, mais de dialogue fraternel ». Ces pays doivent percevoir que « ces chrétiens ne viennent pas comme des conquérants ».
Cet appel s’adressait bien sûr à l’immense Chine mais aussi à la Corée du Nord, au Vietnam, à l’Afghanistan, au Bhoutan, à Brunei, au Laos, au Myanmar notamment, qui n’ont pas de relations diplomatiques avec leVatican. Avec Hanoï, un dialogue persévérant semble sur le point d’aboutir à l’établissement de ces relations.