Juppé et Sarkozy – Deux stratégies pour un même objectif, 2017
Ils ont le même objectif, 2017, mais empruntent des chemins différents pour y parvenir: Nicolas Sarkozy veut passer par la présidence de l’UMP et Alain Juppé mise uniquement sur la primaire. Deux stratégies qui augurent d’une rude bataille à droite en vue de l’élection présidentielle.
Alors que le retour de l’ancien président est attendu dans une huitaine de jours au plus tôt, le nouveau candidat à la primaire – après Xavier Bertrand dès 2012 et François Fillon l’année suivante – n’a pas cherché à assurer « le service après-vente » de sa déclaration. Il est en vacances aux Etats-Unis et au Canada et fera sa rentrée politique le 27 août, à l’université d’été du Medef à Paris.
Cette apparente sobriété est-elle une façon de se démarquer de Nicolas Sarkozy, aux manières plus ostentatoires, ou « une grossière erreur de communication », comme le glisse, sous couvert d’anonymat, un responsable UMP pourtant pas très éloigné de Juppé?
Quoi qu’il en soit, elle démontre une ligne de fracture entre deux personnalités issues du même sérail, le RPR gaullo-chiraquien. Le maire de Bordeaux, désormais perçu, à 69 ans, comme un « sage », est réputé plus « rassembleur » et davantage capable de réunir droite et centre sous une même bannière – la martingale pour gagner la présidentielle, selon certains- que l’ancien hôte de l’Elysée, de dix ans son cadet.
Le député UMP Dominique Dord a ainsi souligné, outre l’ »incontestable sens de l’Etat » de l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac, sa « capacité à rassembler large ». Son collègue à l’Assemblée, Benoist Apparu, juppéiste de longue date, a assuré que son mentor défendrait « une alliance avec le centre ».
Quant à François Bayrou, le président du MoDem honni par l’UMP après son soutien en 2012 à François Hollande, il n’a pas oublié l’aide de l’édile girondin lors de sa conquête de Pau, aux dernières municipales, et pourrait lui retourner la politesse en 2017. Alain Juppé est « solide, courageux, respectable », c’est quelqu’un « pouvant être un atout pour l’avenir du pays », selon le Béarnais.
- Piste d’envol -
Côté sarkozyste, en revanche, on ne s’est pas bousculé pour commenter l’entrée en scène de M. Juppé. L’un des rares à réagir a été Geoffroy Didier, secrétaire général-adjoint de l’UMP. Cette « candidature ne gêne en rien Sarkozy », a tranché le co-fondateur de la Droite forte, premier courant de l’UMP.
Autre sarkozyste, le sénateur Roger Karoutchi voit en Juppé un candidat « légitime » mais s’étonne de son calendrier. « Est-ce que les Français sont déjà sur la primaire de 2016? Non, bien sûr que non. Les adhérents de l’UMP sont sur l’élection à la présidence de l’UMP, ils viendront sur la primaire d’ici quelques mois », a-t-il affirmé à l’AFP.
Fin août-début septembre, Nicolas Sarkozy pourrait donc annoncer sa candidature à la présidence de l’UMP. Face à ses anciens ministres Bruno Le Maire et Hervé Mariton, l’ex-chef de l’Etat devrait sans trop de problème revenir aux commandes du parti, peut-être pas toutefois avec le score qu’il avait réalisé fin 2004 (85%).