Discrétion absolue !
Le gouvernement de Kolo Roger est arrivé peu avant la naissance au forceps à la mode soviet suprême et avec la sauce djoutché nord-coréenne du 2ème bureau permanent de l’Assemblée Nationale dirigé par le député d’Andapa Jean-Max Rakotomamonjy, le 05 mai 2014 dernier. Les marxistes devenus, par la magie du retournement de vestes et de la géométrie variable, des néolibéraux ont encore de beau reste dans le pays puisque le Président de l’Assemblée Nationale issu de la formation politique « Leader-Fanilo » aurait fait école dans des brigades révolutionnaires, tout comme le Président de la Délégation Spéciale de la Ville d’Antananarivo. Ce dernier, fils d’un pasteur et en même temps, éminent dirigeant du parti politique Akfm-Kdrsm faisant partie du front national de la défense de la révolution (Fndr), a fait ses études supérieures en Urss du temps de la révolution socialiste à Madagascar. En somme, la vieille garde qui est toujours en place et/ou en activité a été formée durant cette période et leur tendance à la dictature constatée depuis l’avènement de la IVè République vient tout simplement des reflexes acquis de cette période qui a duré 16 ans quand même ! Le naturel ne revient-il pas toujours au galop, et il n’y a plus de quoi être étonné quand on sait, enfin selon certaines sources, que l’actuel directeur de cabinet du Président de la République serait le neveu d’un baron extrêmement important du régime Ratsiraka. D’où donc son tempérament colérique et dédaigneux puisque habitué à se croire important avec son oncle, Désiré Ramelison alias Ngovitra. Ce dernier a créé une sorte de secte d’extrême-droite « le Sakelimihoajoro » se réclamant, à l’époque, avoir une relation privilégiée avec l’ancien président et faisait même des ravages au sein des familles Ratsiraka et Raveloson Mahasampo, la famille de Céline Ratsiraka. Ce secte a possédé aussi un orchestre de musique appelé, si nos souvenirs sont toujours aussi bons, « les roses noires » ( !), et ce serait de ce temps qu’il a commencé à pousser la chansonnette en jouant à la guitare avec ses potes de la fac de droit d’Ankatso. Mais sans succès évidemment, il lui aurait manqué l’essentiel, et du genre « Parole, parole », selon les mauvaises langues.
Ceci étant, revenons à l’essentiel qui est la formation du gouvernement de Kolo Roger. Des candidats aux élections présidentielles ont rejoint vite fait la formation, quoi de plus banal puisqu’à défaut du fauteuil doré du roi, personne n’ira cracher sur un fauteuil tout aussi moelleux que celui d’un ministre. Le cas de Dadafara serait facilement compréhensible pour les observateurs puisqu’il est passé du statut de vendeur d’instruments et de matériels de sonorisation au rang de ministre et seul donc l’essai à la course présidentielle justifie cette nomination. Pour Roland Ratsiraka, on croyait avoir affaire à un politicien d’une autre trempe mais finalement, l’appât du gain est beaucoup plus fort. Mais ce gouvernement est aussi composé de quelques têtes de nageurs confirmés qui ont été reconduites si un ministre, en particulier, a remplacé son frère. Effectivement dans ce domaine, il faut maîtriser les 4 nages olympiques et dans ce cas, la chance d’être retenu est multipliée.
D’un autre côté, les députés fraîchement élus ne sont pas en reste et dans le cas où la candidature est validée, le dénominateur passe de 147 à 31. En somme, être ministre est largement mieux que rester simple député noyé dans la masse d’autant qu’il n’existe que moins d’une douzaine de postes dotés d’honneur, et bien gratifiant, à l’Assemblée Nationale. Mais c’est comme au loto, le jeton attendu ne sort pratiquement jamais malgré les allégeances de fidélité et loyauté accompagnées de curriculum vitae bien garni, il n’y avait que deux heureux gagnants venant des districts de Brickaville et de Mananjary. Et malgré une prolongation de deux ans, les maires, derniers véritables élus durant la Transition et par conséquent détenteurs du choix des citoyens, ne voulaient pas rater le démarrage du train mais finalement, leur présence n’était que symbolique et le choix du régime est tombé sur celui d’Ambalavao Tsienimparihy, le chanteur-roi du kidodo et du rijan’ny betsileo. L’entourage direct du Président de la République voulait aussi son part de gâteau et des conseillers spéciaux des premiers jours de règne deviennent ministre d’Etat, ministre auprès de la présidence ou simples ministres mais au budget ô combien conséquent. Et comme il ne faut pas jeter à la poubelle les offres de soutien émanant des autres formations politiques comme la Mouvance Ravalomanana, ou venant des transfuges du Mapar, les insérer dans le gouvernement est devenu une obligation. Fanfaronnades au tout début tel le ministre de l’élevage et de la protection animale qui a effectué sa première sortie dans un … abattoir, les citoyens ont fini par oublier l’existence de plusieurs ministres et de leurs départements respectifs. Il y a de quoi avec les âneries de certains tenants de pouvoir comme quoi il faut brûler les bois de rose, enlever la tête du zébu de l’armoirie d’Antananarivo, chasser les prostituées, emprisonner les journalistes, ou encore découper en plusieurs morceaux la Capitale, jeter en prison les internautes avec cette nouvelle loi sur la cybercriminalité, délester les pauvres travailleurs de 2 000 ariary par mois, … . On comprendra aisément pourquoi beaucoup rasent les murs et ne veulent plus être associés à ce régime. En un mot, on souhaite un « Manuel Valls » pour se dégager en beauté.
Jean Luc RAHAGA