Cela fait maintenant 16 mois et demi que nous avons un beau parleur à la tête de la République de Madagascar.

Plus de 16 mois à attendre un quelconque changement positif, plus de 16 mois à espérer les effets d’une lutte concrète de la pauvreté, plus de 16 mois à croire que le pays est réellement sorti de la « crise », mais ce n’est pas le cas. Le pire aujourd’hui, et surtout depuis ce weekend, c’est que notre attente n’est pas encore finie parce que le président de la République reste président de la République malgré son impopularité maintenant légendaire, ses multiples infractions à l’encontre de la Constitution et ses centaines de fausses promesses pour tenir la population en haleine. Oui, notre chef d’Etat n’a pas encore fini de nous embobiner, de nous jouer des mauvais tours, de bafouer nos droits et libertés et de mener le pays vers le fond d’un gouffre, là où nous ne risquons plus de revoir la lumière un jour, même avec des nouveaux dirigeants. Pourtant, c’est bien le numéro un qui conjugue le patriotisme à toutes les sauces à chaque occasion qui se présente mais cela ne sont bien sur que des mots. Jusqu’à aujourd’hui, il n’a rien fait de concret pour les plus de 22 millions de nos compatriotes et pour se justifier, il annonce fièrement mettre d’abord les bases en place. Toutefois, cela fait plus de 16 mois qu’il continue à mettre ses bases et même jusqu’à maintenant, cela continue encore. Jusqu’à quand cela va-t-il donc durer ? Il n’y a bien sur pas de réponse exacte à cette question dans la mesure où tout peut s’arrêter pour lui à tout moment, surtout en ce moment où plusieurs factions politiques ne vont plus par quatre chemins pour s’opposer fortement au président de la République. En effet, si la déchéance du président de la République n’a pas été prononcée, les plus de 2/3 des députés de l’Assemblée nationale n’ont pas dit leurs derniers mots et ne n’abandonneront pas de sitôt. De ce côté aussi, ce n’est donc pas encore fini et de ce fait, le chef des gus cravatés en bleu et ces gus cravatés en bleu ne doivent pas crier victoire trop vite parce que tout peut encore arriver. Et même si le numéro un actuel a bien mis en garde sur le fait qu’il ne permettrait plus des actions visant à  l’éjecter de son siège, il ne pourra rien faire lorsque les députés reviendront à la charge dans la mesure où ces derniers seront encore plus motivés pour en finir avec lui. Si beaucoup croit alors que la crise institutionnelle opposant officiellement la Présidence et l’Assemblée nationale a pris fin, ils se trompent largement parce que la bataille n’a fait que commencer pour chasser la « nouvelle puissance » du pouvoir pour y mettre peut être un ancien (mais pas trop), ou pourquoi pas un nouveau (mais contrôlé par les anciens) qui fera plus l’affaire. L’instabilité politique actuelle n’est toutefois que juste retour des choses dans la mesure où tout ceci ne serait pas arrivé si le président de la République avait respecté son serment lors de son investiture officielle, et surtout s’il ne voulait pas mettre en place un régime dictatorial sans précédent. C’est parce qu’il a oublié le principe de redevabilité envers le peuple, qui lui a prêté le pouvoir, que le président de la République se trouve aujourd’hui sur la sellette même s’il n’a pas encore fini de faire croire au monde entier –du moins à la population- que tout va bien dans le meilleur des mondes. Cela fait seulement plus de 16 mois, et même si ce n’est pas encore officiellement fini pour le président de la République, c’est presque déjà fini pour lui qui a pourtant élu par la majorité qui s’est exprimée à travers les urnes. A partir de cette semaine, les évènements et mouvements politiques risquent fort bien de se multiplier, prendre de l’ampleur et gagner en importance même s’ils risquent de se confronter à des forces de l’ordre qui ont déjà choisi de protéger un petit groupe de personnes au lieu de protéger le peuple.

Laza Marovola